Cet article est emprunté au livre de Camille Rougeron : Enseignements de la Guerre de Corée (Berger-Levrault, Éditeurs).
La fortification en Corée
La guerre de Corée débuta, le 25 juin 1950, par la rupture d’une ligne frontière fortifiée. L’événement est fréquent dans l’histoire militaire. Il n’incitait évidemment pas le commandement des Nations Unies à tenter l’arrêt sur une nouvelle ligne, moins favorable encore que la première, qu’on aurait tendue en travers de la péninsule ; le commandement nordiste, au cours de ses replis ultérieurs, ne l’essaya pas davantage.
Au cours des mois qui suivirent le mépris complet de toute fortification, permanente ou improvisée, s’explique plus difficilement. L’échec de la ligne-frontière ne condamnait ni les lignes de tranchées successives ou les simples trous d’homme, ni le réseau de fils de fer. La manœuvre en retraite le long d’une péninsule s’accommode parfaitement de ce genre de défense, dont le maréchal Kesselring avait prouvé pendant deux ans l’efficacité en Italie. Cependant, il aura rarement été remué si peu de terre que dans les trois mois qui s’écoulèrent jusqu’au débarquement d’Inchon. Peut-être les troupes sudistes et américaines auraient-elles échappé plus aisément à l’encerclement dont elles se plaignaient, avec quelques travaux de campagne aux abords du réduit de Fusan.
Dans la deuxième phase des opérations, qui s’étend du débarquement d’Inchon à l’offensive du 24 novembre 1950 vers le Yalu, le commandement nordiste s’en tint également à la guerre de mouvement, sans chercher l’aide de la fortification. Elle n’aurait probablement servi de rien devant Inchon, si l’on en juge par l’effet des travaux côtiers allemands en 1944 et 1945. Mais elle aurait certainement ralenti la marche vers le Yalu. Peut-être trouvera-t-on quelques circonstances atténuantes à une armée épuisée par ses offensives, qui ne pouvait espérer reprendre le combat dans des circonstances favorables sans une aide extérieure, et qui avait intérêt à la provoquer au plus vite.
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