Le rôle stratégique de l'Île Kerguelen
Il y a cent ans, lorsque l’Europe était à son apogée et que des nations pomme la France, l’Angleterre voire l’Allemagne se constituaient chacune un empire colonial, la Méditerranée était alors la route maritime de beaucoup la plus fréquentée. Un peu plus tard, le percement de l’isthme de Suez renforçait encore l’importance stratégique de cette grande mer intérieure puisqu’aussi bien les navires pouvaient, non seulement effectuer des transports d’Europe en Afrique, mais encore conduire les corps expéditionnaires jusque dans l’Océan Indien voire le Pacifique. C’est à cette époque que l’Angleterre, qui possédait depuis quelques décades la grande île de Malte, commença à la fortifier pour en faire un bastion stratégique de premier ordre, et contrôler de façon quasi totale le trafic maritime de la Méditerranée, en particulier les échanges d’Est en Ouest ou d’Ouest en Est. Le rôle de Malte dans les opérations militaires qui se déroulèrent jusqu’à nos jours devint donc de plus en plus important, au fur et à mesure que les moyens mis en œuvre devenaient eux-mêmes de plus en plus considérables.
Mais en ce milieu du XXe siècle, peut-on penser que dans le cadre d’un conflit généralisé, la Méditerranée — qu’un avion à réaction moderne traverse en moins d’une heure — jouerait encore un rôle primordial ? Déjà, au cours de la dernière guerre les risques encourus par les convois empruntant cette voie intermédiaire entre l’Atlantique et l’océan Indien étaient de plus en plus graves au point que les nations belligérantes en vinrent rapidement à faire passer leurs navires par le Sud de l’Afrique. Aussi est-il assez évident que si les hostilités se déclaraient à nouveau, les bateaux reliant les théâtres d’opérations d’Extrême-Orient, ou du Pacifique à des bases atlantiques devraient impérativement, passer par le cap de Bonne Espérance.
Mais ensuite, quid de leur cheminement ? Devraient-ils remonter le long de la côte Est de l’Afrique pour emprunter le canal de Mozambique et faire escale à Madagascar ? Très certainement, et c’est ce qui donne à la base de Diego-Suarez, toute sa valeur en justifiant les développements qu’on est appelé à donner à ce port militaire. Après Diego-Suarez, les navires pourraient-ils faire escale aux Indes ? La réponse est délicate. Dans les îles de la Sonde ? La réponse est douteuse. Ou bien encore en Indochine ? La réponse est cruelle.
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