Si la dissuasion est bien la clef de voûte de notre système de défense, l’un de ses piliers essentiels est la « défense civile », prévue par l’ordonnance du 7 janvier 1959 et organisée par le décret du 13 janvier 1965. Ce pilier est-il suffisamment solide ? Que faut-il faire pour qu’il le soit ? Telles sont les questions auxquelles répond l’auteur. Après avoir commandé l’École supérieure de Guerre (ESG) et avoir été major général de l’Armée de terre, il est actuellement Gouverneur militaire de Paris (GMP) et Commandant la 1re Région militaire. Les opinions émises ici par lui n’engagent que sa seule responsabilité.
Libre opinion - Défense civile et stratégie de dissuasion
La politique de défense de la France repose sur la dissuasion nucléaire. Les formes de défense qui en résultent, ainsi que le processus de la dissuasion, ont été longuement mûris et élaborés, en sorte que le système paraît techniquement cohérent. Mais il est beaucoup moins certain que l’imagination que l’on doit avoir de son déroulement dans la réalité d’une crise grave y trouve vraiment son compte.
Dès les premières études qui ont été menées à ce sujet, les effets psychologiques du feu et de la menace nucléaires ont bien été pris en considération ; mais, par la suite, l’espèce de satisfaction intellectuelle qui est issue du système mis au point par la technocratie militaire et politique a fini par voiler — si elle ne l’a pas oublié parmi le lot gênant des paramètres irrationnels — un aspect particulièrement important du « jeu » de la dissuasion nucléaire : celui de « l’épouvante » (1) et de la panique.
Et pourtant !… Si le propre de la guerre nucléaire est l’absurdité, celui de la menace nucléaire est la terreur. Absurdité et terreur constituent deux données fondamentales peu communes sur lesquelles doit s’appuyer toute doctrine stratégique concernant des puissances nucléaires.
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