Un avertissement de l'ancien commandant de la 1re Armée française devant l'insuffisance des forces occidentales en Région Centre-Europe. Si, malgré les assurances récemment données au Conseil de l'Otan, les Américains réduisaient leur dispositif en Europe comme le Secrétaire d'État à la Défense, M. Schlesinger, l'avait annoncé auparavant, cette insuffisance nous laisserait dans une situation dangereuse. L'auteur a quitté le service actif le 14 juillet 1974.
Libre opinion - L'Europe de l'Ouest et la défense
Les Européens se sont réveillés à la fin de l’année 1973 d’une sorte de rêverie, entretenue par un grand nombre de philosophes, d’industriels, de marchands, d’économistes et d’hommes politiques ; on leur disait qu’ils vivaient dans un monde d’où les menaces guerrières étaient exclues, où l’abondance permettrait d’accroître sans fin les revenus en diminuant le temps consacré au travail, où les contraintes justifiées dans les temps anciens par la pénurie n’étaient plus maintenues qu’artificiellement par ceux à qui elles profitaient, et seraient rompues l’une après l’autre.
Ils se sont rendu compte en quelques semaines que l’abondance tenait à des fils ténus dont le bout n’était pas entre leurs mains, que la paix ou la guerre se décidait en dehors d’eux, qu’ils risquaient de faire les frais des disputes auxquelles ils n’avaient guère de part ou des accords sur lesquels on ne les avait pas consultés.
Ces constatations les ont, par une sorte de réflexe instinctif, conduits à souhaiter de s’unir, en s’irritant contre leurs dirigeants qui marchaient vers cette union comme à la procession d’Echternach (1). Mais, à part Raymond Aron qui écrivit dans le Figaro que si les puissances de l’Europe de l’Ouest avaient disposé en Méditerranée d’une flotte comparable à la VIe Flotte U.S. ou à celle des Russes, on leur aurait demandé leur avis, les publicistes et les écrivains d’actualité ont évité de dénoncer la faiblesse des moyens militaires des nations européennes, entretenant plutôt l’idée qu’il suffirait de les unir pour en bonifier la somme. Puis les mois ont passé depuis la guerre du Kippour et chacune des nations d’Europe préoccupée par ses propres difficultés économiques et sociales s’est repliée sur elle-même en faisant passer le souci de ses problèmes particuliers avant l’idée de solidarité qui n’avait soulevé qu’un espoir passager.
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