Directeur des recherches à la Fondation pour les études de défense nationale, l'auteur a toujours marqué sa prédilection pour la logique des systèmes évolutifs et conflictuels (v. notamment son essai sur L’épreuve de force dont nous avons rendu compte dans notre bibliographie de mai, page 179). Dans ses ouvrages, il a également souligné l’importance des dimensions éthiques et religieuses qui sont inséparables de toute réflexion politique et stratégique. Dans cet essai, dont le titre est emprunté au néologisme créé par Jean Guitton – la stratégie de nos jours appelle une métastratégie comme la physique d’Aristote appelait une métaphysique – l’auteur s’interroge sur les perspectives critiques du monde actuel parvenu aujourd’hui à un seuil qui peut être explosif.
Il recherche les lignes directrices d’une métastratégie qui conduirait le monde à un nouvel enfantement et le ferait passer de la matrice sociale actuelle, confuse et conflictuelle, à l’intelligence d’une matrice universelle fondant la paix dans la clarté. Notre pays, placé aux carrefours des affrontements Est-Ouest et Nord-Sud, se doit de prendre en charge cette espérance, inscrite d’ailleurs dans les religions monothéistes dont le bassin méditerranéen fut le berceau.
Il y a aujourd’hui crise de la pensée stratégique comme il y a crise de la pensée économique et pour la même raison : la prise de conscience d’un seuil critique dans l’accroissement tant de la puissance industrielle que de la puissance militaire. Dans les limites finies de la biosphère, l’énergie brûlée, que ce soit pour détruire ou pour construire, ne peut augmenter indéfiniment.
La pensée économique est saisie de plus en plus concrètement du problème des limites de la croissance. Certes on peut toujours substituer le progrès qualitatif au progrès quantitatif ; il reste que le projet d’exploiter et de répartir harmonieusement les ressources en régime de croissance faible ou nulle n’est porteur que d’une médiocre espérance. Il s’agit de retarder la fin comme sur un radeau de naufragés où les passagers s’organisent au mieux pour durer. Mais alors ce contingentement est légitimé par l’espoir d’un sauvetage tandis qu’aux yeux de la plupart de ses pilotes, il n’y a pas de salut à l’horizon pour les naufragés de l’espace, sur le vaisseau cosmique Terre.
La pensée stratégique n’est pas confrontée avec cette perspective de mort lente mais avec la menace de mort brutale en cas de guerre nucléaire généralisée. Pourtant, qu’un individu meure de vieillesse ou par accident, il s’agit toujours de la même issue fatale dont la pensée devrait être familière aux mortels que nous sommes.
Survie et mort
Un seuil critique
L’eschatologie militaire
Un changement de référentiel
Stratégies de surmort
Le dragon exterminateur
Le duopole russo-américain
L’alignement
La révolte des opprimés
De la contestation inorganique à la résistance organisée
Fondement populaire de la dissuasion
Naissance de nouveaux pôles
Menaces tératogènes ou cancérogènes
La stratégie de survie
Sortir de la niche écologique
La stratégie abortive
Relativité de l’objectivité
L’ascèse de la recherche
L’hypothèse fœtale
Vitalisme ou fatalisme
L’Europe écartelée
La stratégie pascale