L’Éthiopie est restée longtemps dans l’impossibilité d’apporter le moindre aménagement hydraulique sur le Nil Bleu. Fleuve mythique, il baigne pourtant de ses eaux un cinquième du pays et représente le coeur historique de 30 millions de chrétiens. Égypte et Soudan, et avant eux la Grande-Bretagne, n’ont jamais laissé l’Éthiopie exercer le plus petit exercice de souveraineté sur ce fleuve d’une importance stratégique pour les pays situés en aval. Les enjeux démographiques de l’Éthiopie, et ses impératifs actuels de rentabilité agricole, changeront inéluctablement cet héritage contraint de l’histoire, quitte à déclencher une guerre de l’eau, si les organes de dialogue comme l’Initiative du Bassin du Nil, et l’intervention de pays tiers, comme la France, n’inversent pas une spirale qui peut s’avérer destructrice. Le rapprochement de l’Éthiopie et d’Israël dans le domaine de l’eau n’est en effet pas vu d’un bon oeil par les pays arabes voisins.