L'Europe en marche
« L’Europe repart d’un même pas » annonçait Nicolas Sarkozy à l’hôtel de Brienne le 13 juillet 2007. Relancée par l’accord du 22 juin sur le traité modificatif, l’Europe s’est bien remise en mouvement. Le député européen Alain Lamassoure évoque ici la genèse du traité simplifié et le changement de climat qui en résulte. Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, salue cette « vraie bonne nouvelle », avant que le sénateur Hubert Haenel ne traite des « enjeux de pouvoirs dans l’Union européenne » ; lesquels évoluent, en témoigne la montée en puissance du Parlement européen.
Après les traités et les institutions nous reprenons le cours traditionnel de notre « Veille stratégique Pesc/PESD ». Ministre de la Défense nationale, Nuno Severiano Teixeira, présente les priorités et les intentions portugaises pour le second semestre. Cet article est suivi du bilan du premier semestre 2007 dressé par Fabien Terpan. Nous n’avions pu publier en février dernier les ambitions de l’Allemagne, sans doute préoccupée par le nouveau Traité ; nous sommes heureux de présenter le « concept pour une politique de sécurité moderne » par le ministre de la Défense, Franz Josef Jung, peu après la parution du Livre blanc allemand. Récent adhérent de l’Union européenne, après avoir intégré l’Otan, la Roumanie, par la voix de Corneliu Dobritoiu, secrétaire d’État, exprime ici l’indéfectible attachement de son pays à la Pesc, à l’Europe.
Le financement des coûts communs des interventions extérieures militaires de l’UE devrait être facilité par le dispositif Athéna qui se développe, Laurent Paccaud est bien placé pour nous le décrire.
« L’action européenne contre l’extrémisme » est plutôt du ressort du 3e pilier ; mais il est clair qu’elle contribue à la sécurité ; Patrick Brunot en traite ici.
L’Europe a devant elle de nombreux défis à relever. Tous concernent, sous une forme ou sous une autre, la Russie avec laquelle les relations se tendent. Le sénateur Yves Pozzo di Borgo nous commente le rapport qu’il vient d’établir sur le sujet, au nom de la délégation pour l’UE du Sénat.
Premier exemple pour illustrer cette tension, les États baltes qu’évoque Matthieu Chillaud dans leurs relations avec l’Otan et la PESD ; avant que Laurence Ifrah n’analyse la première « cyberattaque » contre l’Estonie après le déplacement du mémorial soviétique. Autre exemple, le statut du Kosovo, la Russie menaçant de mettre son veto à tout vote du Conseil de sécurité de l’ONU allant vers l’indépendance ; Arta Seiti, née à Tirana, nous donne sa perception du problème.
Nous n’évoquerons pas dans ce numéro le système de défense antimissiles que les États-Unis comptent installer en Europe, ni les élargissements de l’Otan. Nous reviendrons sur ces sujets qui semblent préoccuper profondément Vladimir Poutine. Il convient donc de s’intéresser à sa succession, ce que fait pour nous Viatcheslav Avioutskii.
*
L’Union européenne s’étant remise en marche, il est temps qu’elle s’exprime et affiche sa politique. À commencer par ce qui la concerne directement : l’Europe, avec le statut du Kosovo, l’installation du système antimissiles balistiques ; les relations avec son voisinage oriental, la Russie bien sûr, et tous les pays qui étaient sous influence soviétique ; et, naturellement, le Bassin méditerranéen dont la mer Noire, le Proche-Orient et l’Asie.
Puisse ce dossier modestement contribuer à la prise de conscience du fait de l’urgence qu’il y a à définir et mettre en œuvre notre politique étrangère et de sécurité commune. ♦