Les opérations extérieures de nos armées sont l’objet d’un débat nouveau. L’Irak, où nous ne sommes pas, offre le modèle de ce qu’il faut éviter. L’Afghanistan, où nous sommes, s’irakise. Ailleurs, c’est selon. Alors, que faire ?
Opex, mon beau souci
The dilemma in overseas operations
There is a new debate on overseas operations in which France’s armed forces participate. Iraq, from which France is absent, is a model of what to avoid. Afghanistan, where France is present, is becoming like Iraq. Elsewhere, it depends. So, what should be done?
La stratégie, quelque rigoureuse qu’on la veuille, est sensible à l’air du temps. Celui d’aujourd’hui souffle sur nos opérations extérieures. À l’évidence, les voici en question, questionnement opportun au moment où notre république change de gouvernement. Défense nationale et sécurité collective s’est fait l’écho de ce débat nouveau. Dans sa livraison d’avril, « les Sentinelles de l’agora », guetteurs mystérieux mais attentifs, prononcent une vigoureuse critique des missions de paix dans lesquelles nos armées s’enlisent. Le mois suivant, le général Vincent Desportes justifie celles-ci, en fixe le cadre et rappelle la place éminente qu’y tiennent nos forces terrestres. L’Armée de l’air n’est pas en reste et, dans le numéro de juin 2007 de notre chère revue, Étienne de Durand et quelques autres mettent en valeur le rôle de nos aviateurs dans ces combats étranges. Le même Durand travaille à l’Ifri sur ce thème général, clairement intitulé « L’impasse » (colloque du 14 juin). Enfin, les derniers Cahiers de Mars (191, I/07) traitent de la gestion des crises africaines. Faisons de tout cela un cocktail, que nous assaisonnerons à notre convenance.
L’IMPUISSANCE…
On a beau jeu à brocarder les nouveaux usages militaires. Pacifiante, notre doctrine est une non-stratégie. Elle ne vise nulle victoire. Son ambition est modeste : empêcher les furieux de se battre entre eux. Ce faisant, elle dénie à la guerre le pouvoir de décision qui était, jusqu’alors et quelque choquant que cela nous semble, sa fonction efficace. La réussite de cette petite ambition ne s’obtient, selon la formule officielle, que par la maîtrise de la force et sa compromission dans des tâches civiles qui la dénaturent.
Au reste, l’équilibre ainsi recherché est sans cesse menacé. L’expérience aidant, nous réussissons assez bien à le préserver et l’on souhaite qu’il continue à l’être. C’est qu’une action initiale un peu forte, contre un adversaire visible, a tôt fait de tourner en une autre, où un ennemi sans visage mène un autre combat : passage à l’asymétrie, dont l’Irak actuel nous fournit l’illustration grandiose. Dans cet aboutissement, la défaite du fort, encombré de sa puissance sans objet face au faible démuni, est assurée. De l’impuissance du puissant, il importe de préciser les motifs, lesquels, à vrai dire, sont d’une évidence… aveuglante.
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