Extraits de l’allocution de M. Nicolas Sarkozy, président de la République, à l’occasion de la visite du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (Paris Le Bourget, samedi 23 juin 2007).
Défense en France - Discours au Bourget
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L’Europe ne peut plus se payer le luxe, avec des budgets de défense dont l’addition demeure nettement inférieure aux budgets américains, d’avoir 5 programmes de missiles sol-air, 3 programmes d’avions de combat, 6 programmes de sous-marins d’attaque et une vingtaine de programmes de blindés. Heureusement que l’on a fait l’Europe. Nous avons fait un premier pas avec l’A400M. Mais l’avenir est à des programmes communs et à une intégration européenne de l’industrie, les deux allant je crois de pair. Et je serai vigilant en tant que chef des armées, à ce que le partage européen du travail consiste pour chaque pays à apporter ses meilleures technologies plutôt qu’à consolider ses points faibles. La logique du « juste retour » au niveau de chaque pays, avec les crispations nationales qu’elle engendre, est un poison qui entrave et affaiblit la mise en œuvre des programmes européens dans les domaines industriel, technologique et scientifique. Trop de programmes européens d’armement et plus récemment Galiléo en ont fait les frais. C’est là l’une des conditions indispensables à une meilleure maîtrise de l’effort d’équipement des armées, qu’il s’agisse de leur calendrier ou de leurs coûts réels. Nous aurons à en reparler. Il est de ma responsabilité que nos armées disposent des équipements dont elles ont besoin pour remplir leurs missions et satisfaire aux engagements internationaux de notre pays.
Je m’y suis engagé. Notre effort de défense sera maintenu, sera renforcé. Mais à l’évidence, notre effort d’équipement, malgré le salutaire redressement opéré par Jacques Chirac, continue de souffrir d’un déficit d’adéquation avec les missions et les besoins. Je souhaite donc que la préparation de la prochaine loi de programmation militaire soit l’occasion d’une remise à plat des modalités de définition et de pilotage des programmes engagés, y compris dans la conception et la présentation de la loi de programmation elle-même. On n’est pas obligé de reprendre un processus qui n’a pas produit que des réussites. Je souhaite qu’on réfléchisse vraiment à partir d’une expression hiérarchisée des besoins capacitaires, plutôt que de se lancer bille en tête dans un catalogue d’équipements…
Je souhaite également que l’on progresse sur la voie d’une plus grande rigueur et d’une plus grande transparence dans l’évaluation des coûts tout au long de la vie des équipements. Cela doit amener chacun à remettre en cause sa façon de travailler : l’État, le ministère de la Défense, la Délégation générale pour l’armement qui doit poursuivre et accélérer sa réforme, mais aussi les industriels avec qui nous avons le bonheur d’être en relation. Il appartient à chacun de faire un effort pour fiabiliser les engagements respectifs qui sont pris. La nation est prête à consentir les investissements nécessaires pour sa défense et sa sécurité, mais, si vous m’autorisez cette expression, la communauté nationale doit en avoir pour son argent.
…La France peut se doter d’une politique industrielle et lui fixer des objectifs ambitieux, et ne doit pas craindre l’avenir, c’est une réalité. J’ai voulu dire cela devant les industriels de l’aéronautique, parce qu’ils ne connaissent d’autre limite que le ciel et devant ceux de l’espace car eux ne connaissent pas de limite du tout. Je m’en tiendrai pour ce qui me concerne à la maxime de ce grand aviateur français qu’était Guynemer : « Il y a une limite à toute chose, il faut toujours la dépasser »… ♦