Désarmement et maîtrise des armements dans la politique des deux Grands (novembre 1992)
Après neuf années de tractations laborieuses, les Américains et les Soviétiques ont conclu, le 31 juillet 1991, un traité qui prévoit une réduction de 30 % environ de leurs armements stratégiques. Cet accord, qui constitue l’aboutissement des conversations sur la réduction des armements stratégiques (Strategic Arms Reductions Talks ou Start) entamées à Genève en juin 1982, a été salué comme une percée décisive sur le front de l’arms control (« maîtrise des armements ») et certains n’ont pas hésité à y voir la préfiguration d’un désarmement authentique.
Jusqu’alors, les deux protagonistes s’étaient bornés à prendre des mesures conservatoires destinées à aménager le statu quo stratégique, et les accords Salt I (1972) et Salt II (1979) n’avaient eu qu’une incidence négligeable sur le rythme de la compétition pour l’acquisition et la modernisation des vecteurs de l’arme nucléaire. Le traité ABM du 26 mai 1972, amendé en 1974, avait certes limité d’une manière stricte le déploiement des systèmes de défense antimissiles, mais la « limitation » des armements stratégiques offensifs n’avait pas empêché leur progression numérique, ni leur perfectionnement, de sorte que les charges nucléaires susceptibles d’être appliquées à des distances intercontinentales se comptent aujourd’hui par dizaines de milliers. À l’instar du désarmement naval négocié entre les deux guerres, la maîtrise des armements nucléaires telle qu’elle a été pratiquée par les deux Grands au cours des trois dernières décennies n’a pas mis un frein à la course qualitative aux armements et l’a même favorisée à certains égards.
Start : des résultats notables
Avec l’accord Start on s’engageait prudemment dans une voie nouvelle, puisque désormais la tendance s’inversait et que les arsenaux nucléaires subissaient des amputations modestes mais réelles. En outre, le respect des engagements pris était garanti par un système de vérification fiable, comportant notamment un échange de données sur l’état des forces en présence et des inspections sur place pour valider les informations produites et surveiller l’exécution du traité. Certes, on pouvait déplorer que les plafonds finals (près de 15 000 charges nucléaires pour les deux contractants) aient été fixés à un seuil beaucoup trop élevé pour les besoins de la dissuasion et que les missiles terrestres dotés d’ogives multiples séparément guidées sur leurs objectifs (Multiple Independently Targeted Reentry Vehicle ou Mirv) n’aient pas été proscrits (1). Il n’en reste pas moins qu’un premier pas était fait en direction d’une réduction des armes jugées les plus déstabilisantes par les experts américains, puisque l’Union soviétique acceptait de réduire de moitié ses fusées SS 18 pour se conformer aux exigences de la « stabilité stratégique ».
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