C’est la mer et le bâtiment de combat qui structurent d’abord la culture militaire du marin. Confinement, éloignement, précarité, promiscuité, technicité, solidarité, autant de facteurs distinctifs à inscrire désormais dans un nouvel équilibre à trouver entre l’homme et le matériel, entre le monde naval et la société à terre.
Marin d’État : refondation d’une culture
Rebuilding the culture of a national Navy
The sailor’s military culture is built in the first instance upon the sea and the fighting ship. Confinement, distance, precariousness, cramped living space, technical skill, teamwork—all these distinctive elements have to find their place in a new balance to be established between man and equipment, between the world of the sailor and land-based society.
La période actuelle est propice aux comparaisons ; la tendance est d’autant plus lourde que la pression économique est là, qui impose ses chiffrages et ses indicateurs « coût-efficacité ». La comparaison « civil-militaire » n’échappe pas à la mode du moment ; pour autant, le statut des militaires n’est pas réductible à un contrat de travail de droit privé et ne s’inscrit pas dans une logique purement économique. Au sein du monde militaire, le bâtiment de guerre présente en outre des spécificités tout à fait originales : à la fois « institution totale », mais aussi « système sociotechnique » dans lequel matériel et personnel sont indissociables. À l’heure de bien des changements et de remises en cause parfois inutilement simplificatrices, il peut paraître utile de revenir à ces réalités, sur lesquelles se fonde logiquement la culture des marins d’État.
Civil ou militaire, les termes de l’échange
Le salarié est un travailleur qui accepte la subordination à son entreprise au travers d’un contrat régi dans le cadre général d’un ensemble de dispositions législatives et conventionnelles, regroupées dans le Code du Travail et les conventions collectives. Il doit un temps de travail à l’entreprise, mais au-delà de cette durée limitée, le salarié est libre, c’est-à-dire que l’entreprise ne peut théoriquement plus compter sur lui (1).
Le statut du militaire est tout autre et les termes de l’échange avec l’Institution qu’il sert sont d’un ordre bien différent. Comme le rappelle la loi de 2005 : « L’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, loyalisme et neutralité. Les devoirs qu’il comporte et les sujétions qu’il implique méritent le respect des citoyens et la considération de la Nation ».
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