Comment faire fonctionner la relation transatlantique dans un monde qui n’est plus polarisé ? Comment réarticuler Amérique et Europe dans leurs différences et leurs possibles complémentarités ? L’auteur nous livre son analyse et nous propose sa voie.
L’atlantisme dans un monde zéro-polaire
Transatlantic relations in a zero-polar world
How should the transatlantic relationship function in a world that is no longer polarised? How can America and Europe be rearticulated in their differences and their possible complementarity? The author offers us his analysis and his proposals.
La relation transatlantique doit se repenser. Ses déséquilibres (une Amérique surpuissante) et ses insuffisances (le manque d’Europe-puissance), mais aussi ses divisions (qui fait quoi ?) et ses additions (qui va où, dans l’Otan ou dans l’UE ?), se reconnaissent dans les « déjà dits » d’hier. Dans la réflexion (de qui s’agit-il ?) mais aussi dans l’action (de quoi s’agit-il ?) et dans son déclin relatif (adieu à l’Occident ?), les débats attachés à ces questions ne se sont guère renouvelés. Américains et Européens doivent s’adapter à leurs nouvelles réalités en un moment stratégique flou qui n’est ni unipolaire, ni multipolaire, mais zéro-polaire.
Évoquer cette relation au passé composé en s’émerveillant de ce qu’elle est devenue ces cinquante dernières années est sans doute peu utile. Considérons le tout comme un acquis : une Europe unitaire et un espace sécuritaire euro-atlantique solidaire. Même enfoncée dans la crise institutionnelle la plus complète depuis la signature des Traités de Rome en 1957, l’Europe forme une Union qui a enterré irréversiblement ses divisions fratricides. Même lorsque les États-Unis d’Amérique pensent leur avenir en Asie, ils partagent avec les États européens des affinités qui, dans leur globalité, ne se retrouvent nulle part ailleurs. Même assaillis par leurs suspicions habituelles, Américains et Européens forment une communauté d’intérêts et même peut-être de destin. Pourquoi alors se complaire dans des débats et des querelles qui semblent brader l’Occident en « bricolant » des alternatives illusoires ? Quinze mois après que Barack Obama, juste élu, ait « invité » l’Europe à s’associer aux États-Unis dans la recherche d’un ordre international nouveau, à quoi le président de la Commission européenne, José Manuel Baroso, songeait-il lorsqu’il se plaignait d’une Amérique décevante et distante ? Qui a failli à qui (1) ?
L’état des lieux
La fin de la guerre froide a représenté le triomphe de l’Histoire sur la Théorie, et donc du généraliste sur le spécialiste. Il faut en tenir compte. L’Histoire, que l’on prétendait être défunte mais qui se réaffirme dans notre réflexion et s’impose dans l’actualité, obéit à une arithmétique qui lui est propre. Sortant d’un siècle qui fut plutôt court, puisqu’entamé en 1914, très mal, avec « la » Grande Guerre pour finir en 1989, beaucoup mieux, avec une éruption de révolutions démocratiques, nous entrons à peine dans un siècle qui promet d’être plutôt long, puisque commencé dans la hâte et les passions avec les tragédies du 11 septembre 2001 et les ruptures et conflits qui ont suivi.
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