Éditorial
L’année qui commence s’ouvre sur de nouveaux défis et de nouvelles interrogations en matière de Défense et de Sécurité. Il y a au premier rang de celles-ci les questions économiques qui s’imposent à la France comme une priorité stratégique directe avec pour conséquence immédiate d’encadrer sévèrement l’effort que le pays peut consentir pour sa sécurité nationale. Il y a ensuite le succès incertain des armes de la France engagée dans un conflit militaire en Afghanistan, dans des combats difficiles de coalition sans vraie guerre et sans vrai espoir de paix. Il y a enfin le doute qui a fini par s’installer dans l’entreprise européenne, et cette fameuse défense européenne gagnée par un désenchantement collectif. C’est donc un temps maussade qui règne en ce début d’année stratégique marquée au loin par des échanges de coups en mer Jaune et plus près de nous, par des défis moyen-orientaux à dimension nucléaire et par des tensions africaines qui nous concernent directement.
Que faut-il en penser ? Que le monde est redevenu dangereux après la parenthèse du rêve de sécurité collective ? Qu’il n’avait jamais cessé de l’être et que seul notre idéal pacifique nous en cachait les ressorts belliqueux ? Chacun se forgera les convictions qu’il veut au vu des informations et des analyses dont il dispose. La RDN s’efforcera de vous éclairer en 2011 sur tous ces enjeux et de mettre en relief ces tensions qui affectent notre sécurité nationale. En ce début d’année, formulons pour notre pays et notre communauté stratégique trois vœux.
Le premier, c’est que nous ayons la sagesse de conduire avec détermination et rigueur mais sans désemparer la profonde réorganisation de notre appareil de défense qui a été engagée. Ne restons pas plus longtemps que nécessaire au milieu du gué. C’est une position intermédiaire qui use les moyens et délite les volontés et les forces.
Le deuxième, c’est que nous ayons la perspicacité suffisante pour construire avec nos principaux voisins et partenaires en Europe une véritable communauté de Défense et de Sécurité équilibrée, qui prenne en compte notre triple identité continentale, méditerranéenne et atlantique. Car la France est par nature au centre de gravité stratégique de la corne occidentale de l’Europe ; la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Grande-Bretagne sont ses premiers grands partenaires naturels en matière de sécurité. Tout comme la Méditerranée occidentale est son espace naturel de coopération.
Le troisième et dernier est qu’en ces temps de priorité à la réduction des vulnérabilités socio-économiques du pays et de probable contraction de nos moyens d’action, nous gardions l’œil fixé sous notre souveraineté technologique et doctrinale en préservant notre pertinence stratégique, gage de notre autonomie et de notre liberté d’action. Bonne année 2011. ♦