L'Arme atomique : Ultima ratio des peuples
Il n’est évidemment pas possible de prévoir, dans une anticipation précise, les formes des opérations et des combats d’une grande guerre future, s’il devait encore s’en produire. La manière exacte dont se feraient les combinaisons des énormes masses de feux atomiques, peu onéreux, d’une extrême souplesse d’emploi et d’une soudaineté quasi instantanée de mise en œuvre, avec les moyens classiques, chers, pesants et lents à entrer en action, ne pourrait être connue avec certitude qu’après des essais en vraie grandeur que l’on peut espérer, heureusement, ne pas voir se réaliser (1).
Jusque-là, seules de longues études, tenant compte de tous les résultats obtenus au polygone d’expériences relativement aux effets des divers engins atomiques et aux propriétés de leurs moyens de mise en place, pourront permettre aux spécialistes d’effectuer des prévisions valables sur les formes que pourraient présenter une guerre atomique entre groupements de grandes puissances.
Il est cependant d’ores et déjà possible, en partant des données publiées par les autorités américaines, de dégager certains impératifs qui s’imposeront aux stratèges et tacticiens qui auraient à conduire de grandes guerres dans l’avenir. Sans constituer en rien un tableau d’ensemble complet, ces impératifs doivent être susceptibles de fournir aux gouvernements et aux Commandements militaires des points de repère d’une très grande importance et d’un incontestable intérêt. Comparables à des « feux de pâtres allumés sur la côte orageuse pour guider le navigateur incertain », comme eût dit le colonel Foch, il y a cinquante ans, ils en ont les limitations comme l’utilité.
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