Politique et diplomatie - Chassés-croisés sur le théâtre asiatique
Le rythme que M. Mendès-France a imposé à l’activité diplomatique internationale et les avatars de l’Organisation européenne au cours de l’été 1954 ont quelque peu détourné l’attention de l’échiquier asiatique. Aussi n’est-il pas sans intérêt de retracer l’évolution, parfois difficile à suivre, des acteurs, principaux et secondaires, sur le théâtre diplomatique en Asie. Quelle est à cet égard la situation au moment où le 20 juillet sont signés à Genève les accords qui mettent fin au conflit d’Indochine ?
Quelques événements qui précédèrent « l’échéance » du 20 juillet méritent d’être rappelés : ils permettent en effet de mieux interpréter les positions des Puissances lors de la signature des accords, et les développements qui suivirent. C’est le 26 avril que s’ouvrit la conférence de Genève. Deux jours plus tard, le 28, à Colombo, s’ouvrait une autre conférence.
Elle avait été convoquée sur l’initiative du Gouvernement de Ceylan et réunissait les Premiers Ministres des cinq nations asiatiques qui avaient accédé à l’indépendance après la seconde guerre mondiale : la Birmanie, Ceylan, l’Inde, l’Indonésie et le Pakistan. Le Premier Ministre de Ceylan, Sir John Kotilawala, avait proposé celle rencontre aux chefs d’État de l’Inde et du Pakistan au cours d’une visite qu’il avait rendue aux deux capitales, au mois de février. L’objet de la conférence était de permettre la discussion de tous les problèmes d’intérêt commun aux nations asiatiques, à l’exclusion toutefois des questions controversées entre l’Inde et le Pakistan. La conférence de Colombo se termina le 2 mai. La conférence ne pouvait pas ignorer le conflit d’Indochine : les cinq Puissances asiatiques recommandèrent dans le communiqué final que des négociations directes fussent, engagées entre les parties principalement intéressées, c’est-à-dire la France, les trois États associés d’Indochine et le Viet Minh. Le communiqué demandait encore que la France s’engageât irrévocablement à donner l’indépendance complète à l’Indochine ; plus encore, le colonialisme, sous toutes ses formes et sous toutes les latitudes fut vigoureusement condamné. Sans doute, M. Nehru aurait-il souhaité que s’affirmât à Colombo entre les cinq Puissances asiatiques une communauté de vues plus précise, que fût prônée une stricte neutralité entre les deux blocs adverses ; mais ni le Pakistan ni Ceylan n’entendant le suivre sur ce terrain, force fut au chef du Gouvernement indien de se satisfaire de formules plus générales.
Il reste 83 % de l'article à lire