Les relations entre l’entreprise et l’État sont déséquilibrées aux dépens de ce dernier estime l’auteur. Il dresse le profile de l’Entreprise patriote qui assume sa part de responsabilité dans le développement économique et l’affirmation des intérêts stratégiques dont l’État a la charge.
L’Entreprise patriotiquement responsable
The patriotically responsible company
The author believes that the relationship between state and industry is skewed in favour of the latter. He outlines a portrait of a ‘patriotic company’, which would assume a share of responsibility in economic development and the strategic interests more broadly managed by the state.
Bien que charmées par les dividendes du libéralisme, les plus grandes sociétés se tournent vers l’État, une fois la crise venue. Constatons que les crises actuelles révèlent la mauvaise corrélation entre les valeurs du monde économique et celles du monde du réel. Le marché n’assure plus correctement le lien entre les deux univers. Poussés à l’extrême, les mécanismes économiques s’emballent et semblent ingouvernables. Dès lors, les entreprises et les écoles de gestion – particulièrement en France – proposent aujourd’hui de nouvelles stratégies dites socialement responsables ; RSE (Responsabilité sociétale et environnementale : protection de l’environnement, promotion de la diversité, protection de l’hygiène et de la
sécurité ou encore de la « soutenabilité »). L’agence Vigeo n’évalue-t-elle pas désormais les entreprises du Cac 40 selon leur investissement social, le Socially Responsible Investment (RSI) en parallèle avec leur notation financière. Toutefois, dans cette attitude citoyenne, une dimension n’est jamais abordée : le patriotisme de l’entreprise. Contrairement à d’autres, le sujet est considéré par les Français comme anachronique, voire tabou. In fine, les entreprises ne conçoivent bien souvent leur relation à l’État qu’à travers la fiscalité. Pour autant, une approche patriote profiterait aux entreprises tout en assainissant leurs rapports à l’économie. En effet, après avoir souligné la réalité de la dette des entreprises envers l’État, il est plus aisé d’appréhender une gestion patriotique. Enfin, une telle stratégie s’inscrit dans une gouvernance globale internationale.
L’Entreprise et l’État
Dès leur création les firmes sont débiteuses de l’État. Elles accumulent passivement les bénéfices des investissements tant physiques qu’immatériels consentis par ce dernier. Parfois, elles requièrent l’aide du gouvernement, de façon plus active. Les emprises profitent tout d’abord de la richesse des réseaux d’infrastructures du pays. C’est par ailleurs un des critères majeurs dans leur choix d’un lieu d’implantation. Du maillage routier à la distribution électrique, en passant par le réseau hydrique ou par les capacités locales du secteur du bâtiment, toutes les infrastructures concourent au succès de l’activité de l’entreprise.
Les dividendes immatériels ne sont pas moins importants pour une firme. Sur le plan individuel, d’une part, le niveau d’instruction des cadres et la formation des ouvriers sont dus aux investissements de l’État. Rares sont les entreprises qui emploient en masse des ressortissants étrangers. Conjointement, l’enseignement privé et l’apprentissage impliquent l’État dans une large mesure. D’autre part, sur le plan collectif, les politiques urbaine et familiale sont structurantes pour le climat social de l’entreprise. Le réseau de transports en commun et les moyens de garde d’enfants sont des leviers de la disponibilité et du stress des employés citadins.
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