Il s’agit de la première partie d’une étude canadienne sur le commandement d’abord défini philosophiquement à partir des notions de hiérarchie, de puissance, de volonté et de cohésion. Il est situé et interprété ensuite dans le contexte de l’éthique professionnelle militaire. La notion d’autorité est examinée enfin à partir du concept de reconnaissance.
Du commandement : approche philosophique
On command: a philosophical approach
This is the first part of a Canadian study of command, initially based on philosophical notions of hierarchy, power, willingness and cohesion. The concept is then interpreted in the context of the professional military ethic. Finally, the authors examine the notion of authority based on the concept of recognition.
Aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps, il semble que les relations politiques entre êtres humains aient été caractérisées par ce que le philosophe français Julien Freund appelait la « dialectique du commandement et de l’obéissance ». Cette relation est d’après lui un présupposé de toute activité politique et implique nécessairement l’existence d’une hiérarchie dans la société. La place qu’occupe chaque individu dans cette hiérarchie peut être déterminée de plusieurs façons, mais partout certains commandent et d’autres obéissent (1). Dans le texte qui suit, nous tenterons d’éclaircir le concept de commandement d’abord en tant que tel puis du point de vue de l’éthique professionnelle militaire. Pour ce faire, nous approfondirons d’abord la notion philosophique de commandement et nous tenterons ensuite de situer le commandement militaire canadien dans une perspective éthique. Dans la prochaine livraison, « Du commandement : approche pratique », nous exposerons les qualités que doivent posséder ceux qui exercent le commandement et les responsabilités qui leur incombent.
Afin de clarifier le débat, nous établirons d’emblée une distinction importante entre la notion de leadership et celle de commandement. Le premier est normalement défini comme une qualité personnelle alors que le commandement a une autre signification. Il désigne plutôt la fonction qu’occupe un individu que ses qualités personnelles, même si l’on s’attend à ce que celui qui exerce le commandement possède les qualités d’un leader : Peter Bradley soutient que le leadership et la gestion sont des sous-ensembles du commandement : « De cette façon, soutient-il, un commandant exerce sa charge en alternant entre le leadership (diriger) et la gestion (gérer) ». Ce texte vise, entre autres, à clarifier cette distinction.
La notion philosophique de commandement
« Le vrai chef est un constructeur et il sait que rien de grand
ni de durable ne se fait ici-bas “sans une parcelle d’amour” ».
Colonel de Torquat
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