En déployant une capacité décisive à couvrir le globe dans des délais très courts, lors d’engagements visibles et réversibles à tout moment, la puissance aérospatiale est un instrument de souveraineté, de gestion de crises et un outil politique visible de premier ordre pour notre pays.
La puissance aérospatiale
Aerospace power
Aerospace assets, and the power they afford, have become a vital instrument of sovereignty and crisis management, and a visible political tool of the first order for our country when we choose to commit forces anywhere in the world at short notice in highly visible, yet unpredictable situations.
Souvenons-nous. Mi-janvier 1991, au cœur du désert saoudien : l’opération Tempête du désert ouvre les cieux du golfe Arabo-Persique à une campagne aérienne massive, qui durera quarante nuits et quarante jours. Durant six semaines, 110 000 sorties aériennes eurent raison de la détermination de l’adversaire, en paralysant, en détruisant ses structures de commandement et de contrôle, ses moyens de détection et de communication, ses capacités de combat, ses réseaux logistiques. Cette action aérienne, emblématique à plus d’un titre, fut la première dans l’histoire à pouvoir être suivie en direct par les téléspectateurs. Le monde entier découvrait, ou redécouvrait, l’impact stratégique de l’ensemble des composantes de la puissance aérienne, à ce point décisif qu’une campagne terrestre éclair de 100 heures à peine conduisit à la reddition, sans condition, et au retrait du Koweït des forces irakiennes, le 28 février 1991.
Aujourd’hui, des sommets de l’Hindu Kusch à la Cyrénaïque, en passant par le Sahel, le Japon et la République de Côte d’Ivoire, les opérations aériennes multinationales complexes que l’Armée de l’air mène en particulier à partir des bases aériennes métropolitaines, confirment ce que le siècle précédent avait enseigné : il n’y a pas de puissance politique majeure au place mondial sans puissance aérospatiale crédible. D’ailleurs, la dimension aérienne est bien présente dans chacune des fonctions stratégiques du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale : connaissance, anticipation, dissuasion, prévention et protection. Certes, la puissance aérienne n’est pas l’apanage de l’Armée de l’air, qui a cependant été créée pour la porter et qui l’a fait fructifier depuis trois-quarts de siècle maintenant. Les composantes aériennes de la Marine et de l’Armée de terre y contribuent aussi et participent d’une synergie inter-armées qui, incontestablement, progresse.
Il importe de bien cibler les compétences, les capacités prioritaires pour garantir que la France demeure effectivement « une puissance majeure », dans un monde en mutation rapide où le mirage de la paix éternelle, de l’insularité stratégique, s’effacent devant des menaces polymorphes et souvent proches de nos frontières. Dans un contexte de préparation de l’avenir sous-tendu par des ressources budgétaires contraintes, alors que les grands pays dits « émergents » consacrent des investissements notables à leurs forces aériennes, il est plus que jamais essentiel de prendre le recul nécessaire pour une réflexion prospective sur le rôle de la puissance aérospatiale dans notre stratégie de défense nationale et européenne afin de mesurer l’intérêt stratégique d’une Armée de l’air moderne et polyvalente. Les opérations militaires auxquelles nous avons assisté dans un passé proche soulignent deux réalités essentielles : une Armée de l’air réactive et souple d’emploi est aujourd’hui une véritable nécessité, qui le demeurera ; fruit d’une expertise et d’une cohérence de moyens, elle ne s’improvise pas.
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