L’Armée de terre de demain restera formée de volontaires ardents et éprouvés qui devront combattre sur des terrains variés et dangereux auxquels ils devront rapidement se conformer. C’est une armée qui devra aussi faire preuve de réactivité souple aux conditions d’emploi plus que d’optimisation fonctionnelle. C’est enfin une armée qui devra rester proche des préoccupations du pays qu’elle a la charge de défendre.
Une Armée de terre d’emploi
A task oriented army
Tomorrow’s army will remain one manned by eager and well-trained volunteers who are aware that they may have to fight in diverse and dangerous terrain to which they will have to conform rapidly. It is an army that also has to adapt constantly in order to remain flexible and reactive to the assigned tasks, rather than follow rigid functional efficiency. Above all it is an army that must stay in contact with the concerns and realities of the country it has to defend.
Sauf dérèglement général de la planète ou retour improbable à des équilibres mondiaux du type guerre froide, les engagements auxquels nous participons actuellement préfigurent sans doute ceux des deux prochaines décennies : à défaut de participer à des guerres déclarées, il nous faudra mener, le plus souvent en coalition, de véritables opérations de guerre dans cette sphère bien étrange de l’affrontement à mort entre les hommes, faite pour l’essentiel d’incertitude et de danger, ce que l’être humain du XXIe siècle déteste par-dessus tout. Quelques certitudes toutefois : compte tenu de la diversité des théâtres d’engagement potentiels, l’Armée de terre devra être constamment en mesure d’adapter, voire de démarquer, à partir d’un standard générique, ses modes de préparation opérationnelle et ses équipements de combat. Sa capacité opérationnelle dépendra essentiellement de son aptitude à continuer d’attirer dans ses rangs, comme elle le fait depuis 1996, de jeunes Français désireux d’assurer par la force des armes « la défense de la Patrie et des intérêts supérieurs de la Nation », dans un contexte de pressions familiale, professionnelle, médiatique et judiciaire de plus en plus pesantes.
Âpreté des engagements dans un Afghanistan qui se bat pour accéder à des standards de vie de notre siècle, brusque accélération des événements en République de Côte d’Ivoire, soutien aux populations d’un Japon frappé par un séisme naturel et technologique sans précédent récent, « printemps arabe » hautement improbable il y a quelques mois, l’actualité renvoie inlassablement les armées à l’éternelle équation à résoudre entre une réponse quasi immédiate aux exigences du moment et celle à apporter aux incertitudes de lendemains mal assurés.
Sans surprise, l’Armée de terre s’efforce de concilier la conduite de ses engagements opérationnels du moment avec la préparation d’un avenir toujours plus difficile à cerner. Dans l’absolu, elle dispose d’un cap bien tracé par les conclusions du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008 et du cadre fixé par la révision générale des politiques publiques. S’appliquant à l’outil de combat, aux processus et aux ressources humaines, la modernisation en cours doit lui permettre de retrouver les marges de manœuvre indispensables à l’accomplissement dans les meilleures conditions de ses contrats opérationnels, sa seule et unique finalité. Il en résulte une réorganisation fonctionnelle et structurelle d’une ampleur considérable, engageant durablement l’avenir et pourtant bien difficile à percevoir hors du microcosme.
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