L’architecture de sécurité européenne intègre des figures originales. Le Triangle de Weimar qui fête ses vingt ans est de celles-là. Il pourrait, à l’instigation de la Pologne, trouver une nouvelle pertinence en se prolongeant jusqu’à Moscou. Une large structure paneuropéenne de sécurité pourrait ainsi s’esquisser.
Géométries européennes et perspectives du Triangle de Weimar
European structures and a view of the Weimar triangle
The structure of European security has within it some highly original aspects, the twenty-year-old Weimar Triangle being one of them. At Polish instigation, it could possibly find renewed relevance today through being extended to Moscow. Were this to be so, a new and broad pan-European security structure could be created.
La fin de l’ordre bipolaire a été caractérisée par une série de constructions (géo)politiques à géométries variables. Ces triangles, pentagones, hexagones, décaèdres… étaient destinés à aider « le passage à l’Ouest » de ce que l’on appelait alors l’Europe de l’Est et le continent à se « réunifier ». Si toutes ces constructions subsistent vingt ans plus tard, la plupart ont beaucoup perdu de leur dynamisme ; certaines, par contre, sont susceptibles de trouver un nouvel élan. Le Triangle de Weimar est de celles-là. Même si l’intérêt de la presse française pour le dernier Sommet du Triangle de Weimar (7 février 2011) n’était pas nécessairement de bon aloi ; la question était alors de pure politique étrangère française : celle du maintien de Mme Alliot-Marie dans ses fonctions de ministre des Affaires étrangères, il n’en demeure pas moins que, pour la première fois, la presse française y consacrait plus qu’un entrefilet. Or, ce dernier sommet mérite que l’on s’intéresse à cette formation qui va célébrer ses vingt ans cet été et qui pourrait connaître une évolution particulièrement intéressante et positive. Car ce Triangle revient de loin. Depuis sa création, dans l’euphorie du début de la décennie 90, il est passé par l’indifférence puis par une phase de crise profonde à partir de 2003, pour des raisons internationales — la guerre en Irak — puis internes à la Pologne.
Quel est donc ce Triangle ? Pourquoi a-t-il été créé, comment s’est-il articulé avec d’autres compositions géométriques constituées à l’époque, quel pourrait être son avenir ?
Le Triangle de Weimar : premiers succès et déclin
Le 28 août 1991, se déroule à Weimar, à l’initiative des ministres allemand et français des Affaires étrangères, une première rencontre avec leur homologue polonais. Cette relation tripartite prendra le nom de « Triangle de Weimar », les ministres décidant de se retrouver chaque année, successivement dans chacun des trois pays. Son objectif initial consiste à aider le passage à l’Ouest du plus grand des pays de l’ex-Europe de l’Est. Mais il a aussi, et peut-être surtout, une fonction pédagogique, celle de présenter à la Pologne l’exemplarité de la réconciliation franco- allemande et, par là, d’aider Varsovie à se réconcilier avec ses ennemis héréditaires, l’Allemagne, voire la Russie. La tâche ne sera pas aisée. Le Triangle toutefois fonctionne. À partir de 1994, le Triangle se dote d’un volet militaire prévoyant plusieurs types d’activités : séminaires, groupes d’études, exercices communs en les inscrivant dans le cadre d’un projet de corps multilatéral européen.
Il reste 85 % de l'article à lire
Plan de l'article