Asie - Tendance globale aux dialogues, sur fond de méfiance
Le tsunami qui a ravagé le Nord-Est du Japon le 11 mars et les conséquences graves qui en résultent en matière de sécurité nucléaire dans la région de Fukushima ainsi que dans la mer proche, ont subitement occulté tout le reste de l’actualité régionale, ou tant s’en faut. Or, derrière ce temps en apparence suspendu à la résolution du problème préoccupant des fuites radioactives s’échappant de la centrale touchée, la vie politique et stratégique régionale continue. Dans ce contexte, si les manifestations paroxystiques des crises régionales, à l’exception des combats pour l’Afghanistan, se sont tues pour l’heure, c’est la tendance à la recherche de dialogues ou de solutions négociées qui prédomine.
Statu quo en Afghanistan et Pakistan
Dans leur lutte contre taliban et partisans d’Al-Qaïda tous confondus, l’Afghanistan comme le Pakistan continuent à connaître leurs cortèges d’attentats, en particulier contre des responsables provinciaux ou des autorités de la police. Dans les deux pays, le combat contre les factions continue même si les États-Unis doutent de son efficacité au Pakistan où des opérations sont cependant effectivement conduites et font dire au général Ashfay Kayani, commandant des forces armées pakistanaises, que l’armée de son pays a « cassé les reins » de l’insurrection. C’est sans doute aller un peu vite en conclusion dans la mesure où les troupes pakistanaises ne semblent guère enclines à s’aventurer au Waziristan Nord, zone refuge privilégiée des insurrections islamistes. Ces hésitations sont compensées par des tirs américains de missiles par-dessus la frontière à partir de l’Afghanistan. Ils sont efficaces puisqu’un bilan démontre que depuis 2007, 164 drones ont effectué des tirs qui se sont soldés par 964 morts terroristes, dont 171 de la mouvance d’Al-Qaïda. Officiellement les autorités pakistanaises protestent en raison du nombre de victimes civiles occasionnées par ces tirs, mais le succès de leur guidage sur objectifs est bien dû à la coopération des services spéciaux pakistanais. Et pourtant ceux-ci sont accusés par Américains et Britanniques d’entretenir des accointances avec les rebelles, ce qui n’est pas dénué de fondement comme l’a révélé l’action commando conduite le 1er mai par les Américains pour investir la tanière dans laquelle, sous la bienveillante discrétion d’autorités pakistanaises, se réfugiait Ben Laden à quelque 50 kilomètres au nord d’Islamabad.
Quant à l’Afghanistan, il est difficile de se faire une idée réelle de l’évolution de la situation tant les rapports officiels ouverts sont contradictoires selon les sources. Les uns, tels que la Croix Rouge ou certains organismes de l’ONU, avancent que le pays est loin d’être sécurisé. Les autres, tels que les responsables des opérations militaires, se montrent beaucoup plus optimistes, même si cet optimisme est mesuré et vaut de la part du général Petraeus, commandant en chef, la recommandation auprès des instances américaines d’un retrait très progressif, non précipité, des troupes alliées. Il a en cela l’appui de quelques hautes autorités américaines telles que Robert Gates, Secrétaire à la Défense, ou John Boehner, président de la Chambre des représentants. Le problème est en effet que ce retrait ne pourrait réellement être achevé, normalement en 2014, que lorsque la stabilité sécuritaire du pays sera assurée et son irréversibilité établie. À l’heure actuelle, il peut y avoir doute sur un tel résultat, comme pourrait le prouver l’un des derniers incidents en date : l’évasion massive de quelques 541 taliban de la prison de Kandahar le 25 avril. Toujours est-il que le plan de passation des pouvoirs opérationnels semble bien vouloir être exécuté puisque, au mois de juillet 2011, à l’occasion des premiers départs américains, ce transfert sera exécuté dans les provinces de Bamiyan, de Panjshir, de Kabul hors capitale, les villes d’Herat, Mazer-e-Sharif, Mehtarlam, Lashkar Gah. Compte tenu de la persistance de l’incertitude qui pèse sur l’évolution de la situation, plusieurs parties prenantes au conflit pensent, en particulier sous l’influence du président Karzaï, que l’idéal serait de parvenir à réintégrer les taliban dans la vie politique nationale sous réserve qu’ils se désolidarisent d’Al-Qaïda. Sur ce point, voici la Turquie qui apparaît avec des propositions de bons offices dans un tel schéma de réconciliation et offre aux taliban d’établir leur bureau de représentation à Ankara.
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