De conjoncturelle, la crise serait devenue systémique, du moins dans les discours. Car pour les actes, le couple déterminisme-progressisme reste l’unique logiciel en vigueur. Il existe pourtant en Occident un autre mode de pensée mis de côté depuis deux siècles et demi qui permettrait cette révolution nécessaire sans laquelle une catastrophe est désormais certaine.
Révolution quantique et Occident
The quantum revolution and the West
Successive crises in economics, have become systemic—at least, that is what is said. For as far as action is concerned, a mix of determinism and progressivism appears to be the only path currently conceivable. However there is in the West another way of thinking which has been left aside for two and a half centuries, yet which could fuel the needed revolution, without which catastrophe is now certain.
Il y a d’abord ceux qui n’avaient rien vu venir et qui prédisaient même exactement l’inverse mais qui n’en continuent pas moins à raconter tout et son contraire à six mois d’intervalle. Il y a ensuite ceux qui réalisent que le système qu’ils ont prôné trente ans durant débouche logiquement sur une crise planétaire, sans qu’ils se sentent pour autant responsables de quoi que ce soit. Et puis il y a tous les autres, experts, géostratèges, consultants, analystes, entrepreneurs et surtout politiques, qui baissent les bras et se lamentent qu’ils ne comprennent plus rien. Ou plutôt qu’il n’y a plus rien à comprendre.
Tous ont à la fois tort et raison : tort, parce qu’il était évident à quelques-uns, dès le 11 septembre 2001, que l’Occident américain ne saurait surmonter cet accident darwinien (1) ; mais raison, parce que le modèle managérial qui sert toujours de logiciel aux prétendues élites ne leur permettait ni hier de prévoir, ni aujourd’hui d’expliquer un monde qu’elles voient désormais incertain. Voilà le grand mot, mais le monde comme l’histoire ont toujours été les domaines de l’incertitude. « Le facteur d’angoisse ne vient pas du fait que le monde change, il a toujours changé, écrit Pascal Picq, mais du fait que nous conservons un seul modèle de référence » (2).
La fin d’un monde n’est pas la fin du monde
Pourquoi le modèle occidental ne fonctionne-t-il plus ? Pour les mêmes raisons qui ont fait son succès. Nous sommes arrivés « au terme d’une logique qui, jusque-là, avait permis la suprématie de l’Occident tout en assurant un progrès comme jamais dans l’histoire de l’humanité » (3). Ce qui marchait ne marche plus : cela ne remet pas en cause la valeur du modèle, c’est la loi de l’évolution. Que cela plaise ou non, « on est de toutes les façons dans un monde darwinien » (4), celui de la variabilité et de la sélection.
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