Les défis auxquels doivent faire face les Occidentaux ne sont pas seulement sécuritaires mais stratégiques, ce sont ceux de la refonte de l’organisation du monde. S’ils concernent d’abord les Américains dont le leadership est mis à mal, ils demandent aussi aux Européens un effort de volonté et aux deux partenaires atlantiques de s’accorder sur l’essentiel, faute de quoi l’Occident se sera fracturé.
Le rôle stratégique de l’Occident
The strategic role of the West
The challenges which Westerners must face are not only security-based in nature but also strategic, and are linked to the reorganization of the world. Although they mainly concern the Americans, whose leadership is under threat, they also require an effort of will on the part of Europeans and that the two Atlantic partners agree on essentials, failing which the West will break up.
L’interrogation « L’Occident est-il un acteur stratégique ? » prend un sens aigu à l’automne 2011. En fait, à supposer que « l’Occident » soit facile à définir, j’y viendrai plus loin, la question est double : l’Occident est-il encore un acteur stratégique ? L’Occident va-t-il rester un acteur stratégique ?
Qu’une telle interrogation puisse être formulée illustre le chemin parcouru depuis les illusions et l’optimisme de la « Fin de l’histoire » durant les années 90, après la disparition de l’URSS fin 1991 (date plus significative que la « chute » du Mur en 1989), et la brutalité du retour à la réalité d’une Histoire qui continue à se faire et s’est même réveillée mais que les Occidentaux ne sont plus les seuls à façonner, ce qui les sidère et les inquiète.
Le défi sécuritaire du moment
Entre-temps l’Occident avait certes abandonné sa vision triomphaliste (celle des États-Unis, « le nouvel ordre mondial »), ou ingénue (celle de l’Europe, « la communauté internationale »), mais c’était pour se croire confrontés après le 11 septembre, au « choc des civilisations ». Et donc, peu ou prou, se voir obligé de s’inscrire dans la « guerre contre le terrorisme » décrétée par George W. Bush, formule bizarre puisque le terrorisme est une technique, pas un État ni une organisation, et dans un affrontement binaire États-Unis et alliés contre « axe du mal ». Manichéisme et obsessions qui faisaient l’affaire des forces terroristes qui ne s’attendaient pas à une telle propagande et qui jouaient eux, pour de vrai, la carte du clash. Années durant lesquelles le débat sur le potentiel ou inéluctable conflit des civilisations atteint une confusion extrême.
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