Comment plusieurs lectures soignées du célèbre traité chinois sur l’art de la guerre révèlent des dimensions, notamment systémiques, qui expliquent la pertinence et l’intérêt actuel de l’antique traité de stratégie.
Sun Tzu est-il difficile à lire ?
Is Sun Tzu a difficult read?
Several thoughtful readings of the famous Chinese treatise on the art of war bring out the insights which explain the pertinence and current interest in this ancient strategic work.
Les références à Sun Tzu sont omniprésentes dans l’enseignement militaire : vous voulez illustrer le besoin de subtilité face à un mode d’action trop frontal ? Parlez de l’approche indirecte prônée par Sun Tzu ! Vous voulez souligner le besoin en renseignement ? Évoquez Sun Tzu ! Vous chercher une citation pour l’accroche de votre présentation ? Nul doute que vous la trouverez chez Sun Tzu ! Fort de cette présence permanente et de la présupposition convenue que L’Art de la guerre faisait partie des classiques qu’il fallait avoir lu, je me suis finalement résolu, après tant d’années, à me plonger dans ces quelques dizaines de pages.
Cela ne devait pas être bien difficile : je me souvenais encore de ces paroles d’Hervé Coutau-Bégarie : « Le seul stratégiste qui ait davantage été traduit [que Clausewitz] est Sun Tzu. Encore sa vogue ne tient-elle qu’en partie à sa valeur intrinsèque : elle s’explique aussi par le prestige de l’ancienneté (2 400 ans) et plus encore par sa brièveté. Les versets de Sun Tzu, gloses exclues, ne représentent en effet qu’une vingtaine de pages et ils semblent d’une approche si facile que le lecteur le plus paresseux peut en tirer sans peine de quoi briller en société. Clausewitz, lui, a écrit une somme de 800 pages imprégnées d’idéalisme allemand : c’est long, c’est difficile et pour dire le fin mot de l’affaire, c’est de prime abord très ennuyeux ».
Pourtant, ma lecture de Sun Tzu fut source d’une grande déconvenue.
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