Europe - À propos du 150e anniversaire de l’unité italienne
Ce printemps 2011 a vu l’Italie fêter le 150e anniversaire (1) de sa réunification par de très nombreuses manifestations dans la péninsule, pourtant celui-ci a eu au final peu d’écho de l’autre côté des Alpes. C’est un paradoxe, d’autant plus que la France, qu’elle fut royauté, empire ou république s’est longtemps passionnée pour la célèbre « Botte ». Autre paradoxe actuel, les relations franco-italiennes, d’habitude plutôt sereines, ont connu récemment de sérieuses perturbations dans lesquelles la dimension passionnelle n’était jamais très loin. Il suffit de se rappeler une certaine finale d’un certain mondial en juillet 2006 !
Les clichés fusent entre les deux nations, alors que le voisinage initialement si intime semble s’estomper. Les deux peuples croient se connaître mais en fait s’ignorent, alors que leur destin fut jadis entremêlé. Alberto Toscano, journaliste italien correspondant de presse vivant en France depuis plusieurs décennies, et donc intime connaisseur de notre pays et surtout de ses habitants, nous propose de redécouvrir comment la France a été un acteur essentiel et controversé du processus de réunification de la Péninsule italienne tout au long du XIXe siècle et combien les liens ainsi créés conditionnent encore la relation entre les Français et leurs cousins Italiens. Sur un mode journalistique attrayant mettant fréquemment en parallèle histoire et actualité, l’auteur montre combien la France a été attirée par la Péninsule italienne depuis des siècles mais aussi combien les rapports restent complexes, laissant subsister encore de très nombreuses incompréhensions.
La France, quelle que soit la nature de son régime politique, toujours unitaire et centralisée, n’a cessé d’admirer ce foyer de civilisation et de pouvoir sous un angle plus culturel, artistique et sentimental que strictement politique et économique. Les Italiens ont, de leur côté, longtemps cherché en la France un soutien politique et intellectuel pour limiter l’emprise des puissances tutélaires comme l’empire austro-hongrois, le royaume d’Espagne, et bien sûr, la Papauté alors pouvoir temporel. Les échanges ont été permanents, réguliers et intenses, la Péninsule ayant été depuis le Moyen-Âge un des espaces géographiques où les rivalités européennes se sont affrontées au détriment des populations locales, à la recherche d’alliances plus ou moins solides avec les principales principautés et autres royaumes italiens. C’est également le foyer de départ de la Renaissance qui a tant suscité l’intérêt des Rois de France et l’accroissement des échanges artistiques et scientifiques comme l’illustre Léonard de Vinci.
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