Bigeard l’hommage
Bigeard l’hommage
René Guitton a eu la louable et généreuse idée de rassembler ici une partie essentielle des hommages verbaux ou écrits rendus à ce fameux Bruno qui a tant marqué les esprits par son courage, son style de commandement, son originalité…
L’ouvrage relate d’abord les circonstances d’une fin qui ne peut laisser indifférent et que la presse nationale et régionale signala sous des titres de plus ou moins bon goût. Le texte reprend ensuite les discours officiels prononcés au cours des cérémonies de Toul le 21 juin 2010 et des Invalides le lendemain, ainsi que les lettres de « personnalités ». Nous y avons quant à nous particulièrement apprécié, dans un genre différent bien sûr, les éloges concis et précis du président Giscard d’Estaing et du colonel commandant le 516e Régiment du Train. À chaque lecteur de faire son choix dans ce flot d’éloquence largement teinté d’émotion et de sincérité.
Reste ce qui est sans doute l’essentiel et en tout cas le plus authentique : un recueil des messages de condoléances adressés à « Gaby » et « Marie-France » par des Français et étrangers « moyens » (même s’ils sont à l’occasion fort gradés et diplômés). Beaucoup de paras certes mais aussi de civils et de militaires désireux de rappeler les circonstances dans lesquelles ils ont eu l’occasion, même brièvement, de rencontrer Bigeard en opérations ou dans ses fonctions parlementaires et ministérielles. Il en résulte une foule d’anecdotes, de beaux et fidèles portraits mettant en lumière son abord direct et franc, son sens de l’autorité, la chaleur des contacts humains, son humour pratiqué jusqu’au bout, beaucoup de références aussi à ses livres et même d’allusions religieuses. Bigeard d’ailleurs soignait son image, répondait fidèlement à l’abondant courrier reçu, envoyait sa photo dédicacée…
Il ne faut pas pour autant tomber dans l’idolâtrie et surtout laisser auprès de ceux qui n’ont vécu ni les événements, ni les campagnes qu’a connues Bigeard, l’image d’un héros désincarné. Le terme de « chevalier », la candidature au maréchalat auraient fait sans doute bien rire notre Toulois. Un des correspondants a raison d’inviter à « saluer Langlais, Botella, Bréchignac… ». Combatif, gouailleur, « militaire sans être militariste » (Mgr Ravel), Bigeard fut assurément un personnage atypique qui mérite respect et considération mais aussi représentatif d’un groupe restreint d’hommes de terrain, de coups d’œil et de conviction qui furent l’élite d’une armée lancée dans des guerres malheureuses. ♦