Marine - « Optiform » ou la refonte de la formation de l'équipage
L’existant
Le cycle de formation de premier niveau de l’équipage recouvrait jusqu’à présent la formation initiale (incorporation et formation militaire et maritime, d’une durée de deux mois), immédiatement suivie du cours du brevet élémentaire (BE, de deux à quatre mois, selon les spécialités), ce dernier prolongé trois à quatre ans plus tard par un brevet d’aptitude technique (BAT, de quatre à onze mois).
Les enjeux
Une refonte de ce cursus long a été décidée afin de répondre à un double objectif : rationalisation et valorisation.
La rationalisation correspond à une recherche d’optimisation du dispositif de formation. Elle répond : à l’obligation de réaliser conformément à l’actuelle loi de programmation militaire des économies substantielles sur les coûts de formation ; à la nécessité d’une rentabilisation maximale de la formation délivrée dans la marine ; à l’impossibilité matérielle de continuer à mettre systématiquement en place dans les écoles des équipements de série, de plus en plus coûteux ; à l’intérêt évident de disposer de formations complètement recentrées sur des emplois qui ont fondamentalement évolué.
La valorisation permet de proposer d’emblée aux candidats à l’engagement une formation plus attractive qu’auparavant, car de plus haut niveau.
Les principales innovations
La formation initiale
Les opérations d’incorporation, ainsi que la formation militaire et maritime ont été les premières à faire l’objet d’une optimisation. Pour les jeunes élèves de l’école de maistrance, jusqu’alors répartis en trois options dont la durée variait entre quatre et huit mois, le cursus est désormais beaucoup plus simple : dès 1999, ils suivront tous un cours unique, de trois mois et demi, destiné à les préparer en priorité à leurs futures fonctions d’encadrement.
Concernant les engagés matelots, la période d’incorporation et de formation initiale a également été profondément remodelée puisqu’elle est à présent réduite à un mois. Cette incorporation ne se déroulera plus dans un centre spécialisé, mais sera progressivement transférée dans les écoles de spécialité ; les formations du militaire, du marin et du spécialiste se dérouleront donc à terme dans un même lieu, ce choix original permettra de réduire de façon sensible les durées d’instruction correspondantes.
La formation de spécialité
Le BE et le BAT ont été fusionnés au sein d’un nouveau BAT ; ce cours unique, plus court, plus concret, recentré sur la pratique professionnelle, a été totalement réétudié en utilisant des méthodes modernes d’ingénierie de formation qui ont débouché sur une complète redéfinition des premiers emplois de l’équipage (1).
Pour les jeunes engagés issus de l’école de maistrance, ce nouveau BAT consiste en un certificat d’aptitude technique (CAT), d’une durée de quatre mois quelle que soit la spécialité, immédiatement suivi en école d’un cours baptisé « complément pour maistrancier », d’une durée inférieure à deux mois.
Pour les autres engagés, le BAT comprend tout d’abord le même CAT, mais il est directement suivi d’une période d’apprentissage de deux ans dans les forces. Selon les spécialités, cette période peut nécessiter la délivrance in situ d’une formation complémentaire pratique (FCP), dont le contenu est particularisé à chaque unité, et qui a fait l’objet d’une étude conjointe entre les forces et les écoles. Le BAT est délivré aux jeunes quartiers-maîtres au bout des deux années d’apprentissage, sauf objection de leur chef de corps.
« Trait d’union »
Les commandants organiques sont désormais officiellement impliqués dans la finition de la formation de leur personnel ; la période d’apprentissage, que l’on peut assimiler à une formation sur le tas, va raffermir les liens entre les forces et les écoles.
Afin d’aider les unités opérationnelles dans leur tâche, il est prévu, par l’intermédiaire d’un réseau Intranet, la mise en place au sein des forces des matériels pédagogiques des écoles. Ainsi, les « officiers mariniers guides », chargés à bord de compléter la formation des jeunes engagés, pourront en permanence disposer de supports pédagogiques performants et constamment remis à jour.
Ce projet, baptisé « Trait d’union », débouchera entre 2001 et 2002 ; il permettra en outre à l’ensemble du personnel de la marine d’avoir accès aux bases de données pédagogiques des écoles, offrant ainsi de grandes possibilités de formation continue.
Les mesures d’accompagnement
Afin de ne pas léser les marins actuellement en activité et titulaires d’un BE, il est prévu une mise en place à leur profit de cours de recyclage, ce qui leur permettra, d’ici à 2002, de disposer d’un BAT adapté, conforme aux nouveaux objectifs retenus, mais tenant compte de leur acquis professionnel.
Conclusion
« Optiform » est un plan résolument novateur qui se traduit par la mise sur pied de formations très optimisées ; il permettra de disposer dans les forces de personnel mieux formé qu’auparavant et de créer des liens encore plus étroits entre les prestataires de services (les écoles) et leurs clients (les forces) grâce à la création de la période d’apprentissage.
La réforme n’en restera cependant pas là car, après le réaménagement profond de la formation de premier niveau, présentée ci-dessus, celles de deuxième niveau (les brevets supérieurs, BS) et troisième niveau (les brevets de maîtrise) vont à leur tour faire l’objet d’une vigoureuse modernisation. De nouvelles études ont commencé l’été dernier sur ces thèmes ; les premières réalisations sont attendues pour 2002. ♦
(1) Il est intéressant de noter que la suppression du BE permet à la marine de disposer désormais du même nombre de niveaux de formation que les deux autres armées.