Au cours de la période couverte par cette chronique (mai-octobre 2011), la situation stratégique en Asie s’est caractérisée par le dualisme : crises qui persistent et tensions qui se manifestent vont de pair avec dialogues ou tentatives de dialogues qui s’établissent ou se rétablissent mais qui parfois aussi, échouent.

Crises et dialogues en Asie du Sud

Dans la zone afghano-pakistanaise, alors que la situation apparaît loin d’être stabilisée, l’Otan, selon le plan annoncé le 22 juin 2011 par le président Obama, commence à retirer ses troupes. Le premier transfert de responsabilité aux forces afghanes de sécurité s’est fait le 17 juillet dans la province de Bamiyan. Le sixième et dernier a eu lieu dans la province du Panjshir, le 24 juillet. Parallèlement le dialogue voulu par le président Karzaï avec les taliban en présumé repentir est brutalement rompu. Il l’est du fait de l’assassinat, le 20 septembre, de Burhanuddin Rabbani, ancien président d’Afghanistan et chef du Haut Conseil pour la Paix, instance créée en 2009 pour négocier avec les taliban. Lorsque cet assassinat survient le dialogue est déjà bien compromis par plusieurs actions d’éclat rebelles antérieures : assassinats multipliés de hautes autorités locales, dont, le 13 juillet, celui d’Ahmad Wali Karzaï, demi-frère du président Karzaï et chef du conseil provincial de Kandahar. À cela s’ajoute, le 13 septembre, le spectaculaire attentat à la voiture piégée contre le siège de l’Otan à Kaboul, attentat qui se situe dans la continuité de plusieurs attentats du même type perpétrés contre d’autres installations de la coalition ou déjà transférées aux autorités afghanes.

Entre Afghanistan et Pakistan, les griefs persistent en raison de la poursuite des tirs alliés de missiles de croisière par-dessus la frontière à partir de l’Afghanistan pour, à chaque fois, atteindre une cible terroriste identifiée en zones tribales pakistanaises. Dans l’autre sens, les incursions sanglantes en territoire afghan de rebelles haqqanis, dont le chef, Sangeen Zadran, est définitivement désigné terroriste le 16 août par les États-Unis et le Comité des sanctions de l’ONU, entretiennent la défiance entre Kaboul et Islamabad. Les deux capitales décident cependant de réamorcer le dialogue un temps interrompu. Cela conduit les deux Présidents à se rencontrer les 10 et 11 juin et à se prononcer en faveur de l’établissement d’une Commission mixte pour la Réconciliation et pour la Paix en Afghanistan.