Katiba
Katiba
Le diplomate écrivain est un personnage familier de notre patrimoine littéraire. Jean-Christophe Rufin, élu à l’Académie française en 2008 au siège d’Henri Troyat, perpétue la tradition. Ce qu’il nous propose ici n’est pourtant pas classique, c’est un thriller saharien. On connaît la technique, que l’auteur met ici en œuvre : fabriquez un scénario complexe, montage d’horloger où s’engrènent lieux divers et personnages nombreux, cassez-le ensuite et livrez-en les pièces au lecteur en un désordre étudié qui le tient en haleine au long de sa lecture. Dans ce travail d’orfèvre, Jean-Christophe Rufin utilise son expérience, celle des urgentistes de la misère que l’on dit « humanitaires ».
Comme il ne serait pas convenable de dévoiler l’intrigue, sachez seulement que l’essentiel se joue au Sahara, immense espace partagé par des frontières artificielles et devenu le refuge de mouvements terroristes dont Al-Qaïda au Maghreb islamique est le plus connu ; qu’à Nouakchott des médecins maures leur prêtent leur concours ; que la belle Jasmine est au centre de l’affaire, franco-algérienne qui exècre autant l’Occident que l’islam orthodoxe ; que travaille là-dessus une société de sécurité privée mais internationale ; qu’à Paris enfin, dans les salons dorés du Quai d’Orsay où l’auteur est comme chez lui, se prépare un attentat-suicide. Certes, le Sahara et les Sahariens qu’on nous montre ne sont pas trop authentiques, les moteurs et le GPS ayant domestiqué l’espace sauvage. Mais les islamistes de Rufin tiennent la route, si l’on peut dire. Ainsi assisterez-vous à l’appareillage du « martyr », kamikaze de l’islam, comme si vous y étiez. ♦