Institutions internationales - L'OMC, laboratoire du lucre - À Helsinki, l'UE a forgé une nouvelle ligue de Délos
Seattle, 30 novembre : « Grands dieux ! ils mettent le feu à la Tamise, s’exclame M. Pickwick de retour à Furnival’s Inn après une partie de cricket (1). Rien ne vaut un club de gens raisonnables ; à ces énervés, il faudrait le moulin de discipline ». Jusqu’alors, M. Pickwick appréciait les négociations du Gatt, menées à pas feutrés sans que l’opinion pût s’en émouvoir. Or, voici que des ONG, des syndicats et des mouvements de toutes sortes manifestent pour contester les objectifs de l’OMC ! Serait-ce qu’elle apparaît désormais comme l’initiatrice d’un commerce mondial au service des grandes firmes et non la régulatrice d’un libre-échange destiné à être favorable aux sociétés humaines et à leurs citoyens ?
L’OMC, laboratoire du lucre
« Si nous voulons tromper les hommes sur nos intérêts, ne nous trompons pas sur les leurs ». Vauvenargues
Le souci de réglementer les échanges internationaux est louable en soi. En 1944, lors de la mise en place des institutions de Bretton Woods, les États-Unis s’étaient opposés à l’instauration d’une autorité qui en serait chargée : le Congrès était jaloux de ses prérogatives en ce domaine. On dut ainsi se satisfaire du Gatt, fonctionnant comme un club, de manière contractuelle, sans caractère contraignant. Il fallut attendre l’Uruguay Round pour voir aboutir l’idée de l’OMC, placée sur le même pied que le FMI et la Banque mondiale. L’Acte final fut signé à Marrakech le 15 avril 1994. Pour ses fondateurs, la nouvelle organisation avait pour but de favoriser une utilisation optimale des ressources mondiales. Or, rapidement, l’OMC sombra dans les dérives précédentes consistant à contrôler la concurrence et nullement à harmoniser les productions selon la demande locale. Dès lors, toute gestion appropriée du commerce international devenait illusoire.
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