Gendarmerie - La Gendarmerie en montagne
Par son implantation historiquement et essentiellement rurale, la gendarmerie constitue la principale force de sécurité des montagnes françaises. Afin d’exercer les missions traditionnelles de surveillance générale et de police judiciaire, mais aussi d’apporter assistance et secours aux vacanciers et autres promeneurs et sportifs, les zones de montagne nécessitent, notamment en périodes hivernale et estivale, une mobilisation de personnels et de moyens relevant de formations spécialisées de gendarmerie (1).
Pour le gendarme de montagne, identifiable par son uniforme et ses équipements, cette dernière représente un théâtre particulier d’intervention qui, durant une bonne partie de l’année, voit cohabiter, d’un côté des populations de souche, à l’identité culturelle prononcée, frappées de plein fouet par l’exode rural et la raréfaction des activités socioéconomiques, et pour lesquelles la montagne demeure un lieu de vie et de travail, de l’autre des vacanciers chaque année de plus en plus nombreux, issus des villes et de leurs prolongements, pour qui les cimes et les pistes ne sont que des lieux de loisirs et de villégiature, voire même les derniers espaces de liberté. Sur un plan plus particulier, et au-delà des différences manifestes dans les rapports avec ces deux types de population, la gendarmerie se trouve confrontée en secteur montagneux, comme d’ailleurs dans les zones balnéaires, à la difficile gestion de flux importants de population, ce qui suppose un effort permanent d’adaptation des effectifs, réalisé notamment grâce au renfort des personnels de la gendarmerie mobile.
Aux côtés des deux cent cinquante brigades ayant une circonscription en zone montagneuse, la gendarmerie départementale dispose, depuis 1958 (date de la création du groupe spécialisé de haute montagne de Chamonix), de deux grandes catégories d’unités de montagne : les pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) présents dans les Alpes, les Pyrénées et en Corse, et les pelotons de gendarmerie de montagne (PGM) qui couvrent le Massif central, les Vosges et le Jura. Ces unités (treize PGHM et cinq PGM) sont composées de personnels (environ deux cent cinquante officiers et sous-officiers et trois cents gendarmes auxiliaires) qualifiés dans le domaine de l’alpinisme et de la pratique du ski. Pour les interventions en milieu souterrain, la gendarmerie dispose de deux groupes de spéléologues (l’un dans le Massif pyrénéen, l’autre dans le Massif alpin) comprenant une vingtaine de sous-officiers qualifiés dans le sauvetage des spéléologues en difficulté. Au sein du PGHM de Chamonix, la gendarmerie a également mis en place depuis 1989 un centre national d’instruction du ski et alpinisme (CNISAG), destiné à assurer la formation générale des personnels des unités de montagne et d’organiser des stages spéciaux (comme pour les « supergendarmes » du GSIGN et les pilotes d’hélicoptères). À cet égard, un nouveau cursus de formation « montagne » mieux adapté aux particularités du service de la gendarmerie devrait prochainement être mis en place pour se substituer aux formations militaires (brevet d’alpinisme militaire, brevet de skieur militaire, brevet de qualification des troupes de montagne et brevet de chef de détachement ou d’unité de haute montagne).
Les unités de gendarmerie départementale implantées dans les zones montagneuses bénéficient également, dans les renforts saisonniers, de l’apport de personnels qualifiés appartenant à la gendarmerie mobile. Ainsi, pour cette année, environ cinq cents gendarmes mobiles renforcent le dispositif territorial, en particulier dans les périodes d’afflux massifs de population vers les pistes de ski et les sentiers de randonnée. Par ailleurs, deux autres types de formations sont également engagés en secteur montagneux, notamment à l’occasion des quelque trois mille opérations de secours réalisées en moyenne chaque année par la gendarmerie : les détachement aériens et les équipes cynophiles.
Qu’il s’agisse de transporter rapidement des sauveteurs, d’évacuer des blessés, mais aussi de repérer sous une épaisse couche de neige les victimes d’une avalanche, l’hélicoptère et le chien représentent deux des principaux moyens au service des gendarmes montagnards.
Relevant d’un groupement central installé à Villacoublay, les formations aériennes de la gendarmerie sont réparties dans l’ensemble du territoire en une dizaine d’unités opérationnelles disposant d’hélicoptères légers (douze Alouette III et trente Écureuil). Ces formations, dont l’origine se situe en 1954, date à laquelle la gendarmerie s’est dotée d’un premier aéronef, exercent quotidiennement quatre types de missions : la recherche du renseignement et les investigations de police judiciaire, les transports opérationnels de personnels, l’assistance du commandement et le secours.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la gendarmerie forme ses propres équipes cynophiles au sein du centre de Gramat (Lot). Si la formation des sous-officiers et le dressage des chiens en demeurent l’activité principale, le contrôle et le suivi dans les unités des équipes cynophiles constituées assurent également la qualité des interventions du couple gendarme-chien dans l’exécution du service et la grande notoriété du centre de Gramat. Les équipes cynophiles (environ trois cent quatre-vingts) se répartissent en équipes de pistage et défense (deux à quatre par groupement), de recherche en avalanche (une vingtaine d’équipes implantées dans les unités de montagne), de garde et patrouille (une trentaine placées auprès de certains escadrons de gendarmerie mobile) et de recherche de stupéfiants (une soixantaine réparties dans les compagnies particulièrement confrontées au trafic de drogues) et d’explosifs (une trentaine d’équipes). ♦
(1) Les compagnies républicaines de sécurité disposent également de deux cents fonctionnaires de police, répartis dans quatre compagnies « montagne », qui assurent dans les massifs des Alpes et des Pyrénées, conjointement avec la gendarmerie, des missions de secours et d’assistance.