Dictionnaire de stratégie militaire
À une époque où la stratégie foisonne, elle est ici clairement circonscrite, puisqu’il s’agit, dit le titre, de stratégie militaire. Remarquable ouvrage de référence, ce dictionnaire est assorti d’accessoires précieux, chronologie, bibliographie, liste des entrées, index. L’ouvrir présente un risque : que, pris par l’intérêt des rubriques offertes, vous le lisiez au-delà de vos besoins et y passiez la nuit.
L’avant-propos de Gérard Chaliand explique le champ balayé par les auteurs, théories et principes, théoriciens, typologie de la guerre, grands capitaines et grandes batailles. Si la plupart des articles ne sont pas signés, on découvre au bas des plus importants de prestigieuses signatures. Le regretté Alain Bru a écrit sur la technologie, Bruno Colson sur la culture stratégique américaine et française, Hervé Coutau-Bégarie sur la stratégie navale, Michel Foucher sur les frontières, Pierre Gallois sur l’air et l’espace, François Géré sur la guerre limitée et les quatre maîtres français de la stratégie nucléaire (Ailleret, Beaufre, Gallois, Poirier), Lucien Poirier sur la dissuasion, Maurice Prestat sur la guerre psychologique. Si Chaliand ne signe pas, on lui attribuera volontiers le domaine des stratégies désaccordées, sous les titres guérilla, terrorisme, guerre révolutionnaire et contre-insurrection. Il est en la matière notre meilleur témoin. On lui fera deux petites critiques, symétriques : sa relative discrétion sur la composante marxiste-léniniste qui donne sa redoutable cohérence à la guerre révolutionnaire ; son optimisme sur les chances de la contre-insurrection.
À côté de ces grands thèmes, chacun trouvera aliments à son goût. Ainsi apprendra-t-on que la première bataille connue eut lieu à Meggido, en 1469 avant Jésus-Christ, entre Égyptiens et Syriens, qu’Épaminondas (418-362) est l’inventeur de « l’ordre oblique », et verra-t-on, par un caprice de l’ordre alphabétique, voisiner de Gaulle avec Gengis Khan. ♦