Militaire - Allemagne - Angleterre - Extrême-Orient
Allemagne
Nous avons souligné dans la précédente chronique le rôle essentiel attribué au partenaire italien dans les plans allemands pour la conquête de l’hégémonie mondiale.
Après les visites des généraux von Brauschitch et Milch en Italie en avril et mai, et la conclusion de l’accord militaire du 22 mai 1939 entre les deux partenaires de l’Axe, les contacts d’état-major se sont multipliés : la conférence maritime tenue les 20 et 21 juin 1939 à Friedrichshafen (Bade-Wurtemberg), la participation du général italien Giuliano aux grandes manœuvres de transmission allemandes en sont les preuves les plus récentes.
En même temps que toutes les voix en Allemagne, soit par des discours, soit par des articles de presse, exaltaient la force et le caractère invincible de la puissance militaire de l’Axe, dans tous les journaux et revues et simultanément paraissaient des études comparant les forces de terre, de mer et de l’air des puissances étrangères qu’un conflit pourrait opposer à l’Allemagne et à l’Italie. La réaction aux précautions prises par la Pologne, les Pays-Bas, la Norvège, le Danemark, la Belgique et la Suisse s’est manifestée tantôt par des commentaires aigres, tantôt avec le souci de les considérer comme peu importantes. Par contre, les armements de l’Angleterre ont donné lieu, soit à de violentes attaques, soit à des railleries, en particulier à l’annonce de la conscription et à celle de la formation d’un corps expéditionnaire britannique.
Mais le fait dominant a été l’accentuation de la pression allemande sur la Pologne, en vue d’obtenir l’usure, la Zermürbung de la résistance de cette puissance. À Dantzig, l’Allemagne a poussé ses préparatifs militaires, débarquant des pseudo « touristes », soi-disant originaires de la Ville libre et capables de former, dans un court délai, un corps franc, de l’armement d’infanterie, peut-être même de l’artillerie, et entreprenant d’importants travaux de défense. On sent, devant les réactions franco-britanniques, l’effort fait pour exécuter le « coup de Dantzig » par l’intérieur et provoquer ainsi une riposte dans laquelle la Pologne ferait figure d’agresseur, ce qui empêcherait la garantie franco-anglaise de jouer et au minimum gênerait l’action des « démocraties ».
Pendant que se déroule cette manœuvre savamment orchestrée, et qui nous rappelle des souvenirs très récents, l’Allemagne a continué à déployer une grande activité dans le domaine de l’instruction de l’active et des réserves.
La manœuvre prévue pour la deuxième quinzaine de juin à la frontière occidentale a consisté essentiellement en occupations d’ouvrages dans le cadre des petites unités, avec exercices d’attaque ; les unités s’y sont relevées dans chaque secteur de couverture, elles étaient, pour ces manœuvres, renforcées d’un nombre plus ou moins grand de réservistes appartenant pour la plupart aux classes déjà instruites.
Dans le domaine des spécialités, s’est déroulée, dans les premiers jours de juillet en Thuringe, une grande manœuvre de transmissions, à laquelle ont pris part une dizaine de milliers de spécialistes, venus de toutes les régions de l’Allemagne. Il s’est agi là de la manœuvre la plus importante que les troupes de Transmissions aient jamais effectuée. Les troupes qui y ont pris part étaient aux ordres du général Fellgiebel, inspecteur général des troupes de Transmissions, qui est en même temps chargé de la normalisation et de la coordination de tous les moyens techniques de transmission.
En même temps qu’elle intensifie son effort militaire, l’Allemagne continue l’organisation de ses nouvelles conquêtes. Pendant que les revues spécialisées exaltent la facilité avec laquelle, malgré les circonstances atmosphériques très défavorables, s’est effectuée l’invasion des territoires tchèque et lithuanien, l’armée allemande installe ses garnisons dans les principales villes de Bohême et de Moravie et occupe les principaux points stratégiques slovaques.
Angleterre
L’effort britannique se poursuit dans le domaine du réarmement. En juin 1939, a été recensée la première classe de miliciens. Les ordres d’appel ont été lancés le 1er juillet et les premières incorporations se sont faites à partir du 15 juillet.
La classe ainsi appelée doit donner un effectif net incorporable de 200 000 hommes, qu’on incorporera par tranches successives, la première appelée en juillet dans les dépôts de l’armée régulière comportera 34 000 h. D’autre part, les territoriaux des unités de défense antiaérienne ont été convoqués en juin, ainsi que 60 000 réservistes de l’armée régulière.
Enfin, au 24 juin 1939, l’armée territoriale comportait, du fait des nombreux engagements pendant le trimestre écoulé, 410 000 h sur un effectif total théorique de 440 000 h.
Extrême-Orient
En Extrême-Orient, aucune opération militaire de grande envergure n’a été entreprise pendant le mois de juin par l’un ou l’autre des adversaires.
Les opérations locales les plus importantes ont eu lieu au Chansi (Shanxi) où les Japonais ont attaqué sur plusieurs points. Mais leurs efforts n’ont abouti qu’à des succès passagers, les Chinois reprenant chaque fois immédiatement le terrain perdu.
Les Japonais se sont en outre efforcés de rendre plus étroit le blocus qu’ils exerçaient déjà sur les côtes chinoises : occupation de Swatow le 21 juin, blocus de Ouen-Tchéou (Wenzhou) et de Fou-Tchéou (Fuzhou) à partir des derniers jours de juin.
En Mongolie se sont déroulées des opérations confuses, sur lesquelles il est difficile de se faire une opinion précise, et où l’arme aérienne semble avoir été principalement employée.
Le conflit anglo-nippon, né de l’incident de Tien-Tsin (Tianjin), semble en voie d’apaisement au moins momentané. Les négociations se sont ouvertes entre Anglais et Japonais. ♦