Maritime - Les débuts de la guerre navale
Sans vouloir préjuger du caractère ultérieur de la guerre actuelle on peut, dès à présent, constater une différence fondamentale entre les opérations initiales de la dernière guerre et les opérations actuelles. Deux mois et demi après la déclaration de guerre, en 1914, des combats gigantesques et presque décisifs avaient été livrés à nos frontières et sur la Marne. Les marines n’avaient été, au contraire, engagées que dans des actions secondaires, à la Baie d’Héligoland, ou à Coronel. Les Allemands avaient encore à peine esquissé la guerre sous-marine qui devait, par la suite, mettre en si grand péril la Grande-Bretagne et l’Entente, et uniquement engagé quelques petits sous-marins. La guerre terrestre prime toutes les autres. Cela fut, d’ailleurs, un des regrets les plus cuisants des historiens et stratèges allemands d’après-guerre. La face des événements eut été, selon eux, profondément changée, si une part plus large avait été concédée, dès le début, aux opérations navales, si la Hochseeflotte de Tirpitz avait été plus résolument engagée, si une liaison plus intime avait été établie entre les chefs de l’armée et de la marine.
La rigidité du front terrestre actuel, cristallisé en deux systèmes fortifiés, divers de structure, mais qui se compensent sensiblement a imposé aux opérations terrestres occidentales une stagnation relative, qui contraste avec le déchaînement du Blitzkrieg, mené et réussi, en Pologne, par les forces motorisées et aériennes du Reich.
Il est donc naturel que la mer qui est, au fond, l’enjeu de cette lutte immense – car il s’agit avant tout pour nous de l’interdire à l’Allemagne et d’user des ressources infinies qu’elle permet d’amener de tous les coins du monde – ait, dès le début, joué un rôle très important dans le développement de la crise déclenchée le 2 septembre 1939.
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