Coloniale - Le Trusteeship (régime de tutelle)
Bien que les événements aillent vite, il n’est, sans doute, pas trop tard, pour analyser les dispositions de la Charte de San Francisco, sur le trusteeship. Une lecture superficielle du texte peut laisser croire que, tout compte fait, ce fameux trusteeship est peu de chose. On s’attendait à pire – ou à mieux – et il est certain qu’aux États-Unis, l’opinion n’a pas été unanime à se féliciter des résultats obtenus. On est, en effet, assez loin de cette internationalisation de tous les territoires coloniaux que beaucoup d’Américains souhaitaient et que certaines personnalités, comme MM. Sumner Welles [NDLR 2024 : sous-secrétaire d’État de 1937 à 1943] et Foster Dulles, avaient ouvertement demandée.
C’est que, probablement – et c’est en tout cas le sentiment que laisse la lecture un peu attentive de la Charte, – on se trouve ici devant le résultat d’un compromis entre deux tendances : l’une qui irait à l’internationalisation des territoires coloniaux, l’autre à leur émancipation. On voit, soit dit en passant, le chemin parcouru depuis 1919 : l’article 22 du Pacte de la Société des Nations (SDN) résultait lui-même d’un compromis entre les tendances annexionistes de la Grande-Bretagne et l’internationalisme du Président Wilson.
Aujourd’hui, en effet, de larges secteurs de l’opinion américaine réclament la liquidation pure et simple du système colonial et l’institution d’un organe international qui serait chargé de gouverner les peuples encore incapables de se diriger eux-mêmes ou tout au moins de contrôler les puissances qui les administrent. De toute façon, il s’agit d’affranchir des territoires qui seraient, d’ores et déjà, capables de se diriger tout seuls, et de préparer l’émancipation de ceux qui ne le seraient pas encore.
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