Diplomatique - Les élections en Europe - La situation de l'Iran - La bombe atomique - Le problème du veto et de la souveraineté nationale
Avant d’engager avec un certain nombre d’États, naguère satellites de l’Axe, les négociations qui devront aboutir au rétablissement de la paix, les Alliés ont exigé avec raison qu’il fût procédé à des élections régulières et libres, ainsi qu’à la constitution de gouvernements démocratiques, au sein desquels les partis fussent équitablement représentés. On comprend sans peine que ces États aient hâte de sortir du régime rigoureux que l’armistice leur a imposé pour obtenir les conditions normales d’une paix définitive et pour renouer avec les autres pays les relations indispensables à leur vie politique et économique.
Les opérations électorales se sont succédé sans relâche au cours du mois de novembre 1945. Elles ont eu lieu le 4 en Hongrie, le 11 en Yougoslavie, le 18 en Bulgarie, le 25 en Autriche. En Grèce et en Italie, on attend avec impatience que les circonstances permettent de procéder à une consultation populaire avec toutes les garanties requises. Ces garanties ont-elles été obtenues partout ailleurs ? On peut se le demander. La question ne se pose point pour la Hongrie, où les partis se sont affrontés régulièrement, selon les méthodes en usage dans les démocraties européennes. Il en a été tout autrement en Yougoslavie où, seul, le Front national a présenté des candidats et où l’opposition s’est abstenue. Le triomphe du maréchal Tito a été éclatant, mais contestable, étant donné la procédure employée. Néanmoins, les États-Unis n’ont pas élevé d’objection contre le résultat ainsi obtenu et il semble bien que le Gouvernement de Londres soit disposé, comme celui de Washington, à reconnaître la validité des élections yougoslaves. Bien plus, l’Assemblée élue à Belgrade ayant, dès sa première séance, prononcé la déchéance du roi Pierre II et proclamé la République, Londres et Washington ont déjà fait savoir que ce changement de régime n’entraînerait aucune modification dans les rapports de la Yougoslavie avec la Grande-Bretagne et les États-Unis.
En ce qui concerne la Bulgarie, les démocraties anglo-saxonnes n’ont pas montré autant d’indulgence. À la veille des élections, le Département d’État déclarait, par une note officielle, « qu’il n’avait aucune raison de penser que le résultat de la consultation populaire refléterait la volonté de la nation quant au choix d’un gouvernement représentatif, démocratique ». Le scrutin du 18 novembre a consacré le triomphe du « Front patriotique », qui n’est pas un parti unique, mais une coalition des groupements antifascistes. La facile victoire du Front patriotique a amené au Sobranié 98 communistes, 98 agrariens, 46 membres du parti zveno, 31 socialistes et 11 radicaux. S’il faut en croire Georgi Dimitrof [NDLR 2024 : leader communiste bulgare] qui assurément est bien informé, Moscou n’a pas l’intention de faire de la Bulgarie une république soviétique.
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