Diplomatique - Les zones d'occupation en Allemagne - Le Congrès travailliste de Margate - La crise hongroise - Le quatrième ministère De Gasperi
On n’a pas encore oublié que, par l’accord du 4 décembre 1946, les autorités britanniques et américaines ont opéré la fusion économique de leurs zones d’occupation en Allemagne. Le but de cette mesure était double : augmenter la production des industries allemandes, améliorer le ravitaillement de l’Allemagne occidentale. À cet effet, les Anglo-saxons avaient institué cinq commissions distinctes composées exclusivement d’Allemands, et dont les gouvernements locaux auraient exécuté les décisions, sous le contrôle des autorités occupantes. Entré en vigueur le 1er janvier 1947, ce système ne produisit pas les résultats qu’on en attendait : la production du charbon et de l’acier alla en diminuant, tandis que le ravitaillement alimentaire devenait chaque jour plus insuffisant.
Devant cet échec, généralement attribué au manque d’autorité des commissions et à l’attitude réluctante des gouvernements locaux, les représentants militaires de la Grande-Bretagne et des États-Unis ont résolu de tenter une autre expérience. Un communiqué, publié simultanément le 29 mai 1947 à Berlin par les généraux Robertson et Clay [NDLR 2023 : respectivement gouverneur de la zone d’occupation britannique et gouverneur militaire américain], en fait connaître les modalités. Aux cinq commissions distinctes, dont la compétence se limitait à un secteur déterminé (industrie, commerce, transports, etc.), on substitue un Conseil économique auquel ressortissent tous les secteurs. Les quelque cinquante membres qui le composent sont choisis par les Assemblées locales, de façon que chaque parti y soit représenté en proportion de son importance. Il ne s’agit donc plus d’experts, comme ceux qui formaient les cinq commissions, mais bien de délégués élus, bref d’un petit parlement bizonal à compétence réduite, puisqu’il ne doit s’occuper que d’économie.
Cette création répond au désir, maintes fois exprimé par les dirigeants anglais et américains, d’accroître progressivement la responsabilité des Allemands, et de les intéresser d’une façon de plus en plus directe au relèvement de leur pays et à la bonne marche de leurs affaires. C’est au gouvernement des États (Länder) qu’il appartiendra de faire exécuter les décisions du Conseil économique. Le communiqué du 29 mai prévoit en outre une augmentation de la production, en particulier de celle de l’acier, qui serait portée de 5 800 000 à 12 millions de tonnes. Enfin la nouvelle organisation demeure ouverte aux pays compris dans les zones française et soviétique, l’effort des Anglo-américains tendant, en dernière analyse, à réaliser le programme élaboré à Potsdam, aux termes duquel l’Allemagne devait être traitée « comme une unité économique ».
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