L’opération Neptune
La Maison d’Édition La Jeune Parque vient de faire paraître dans sa collection « Pour servir à l’Histoire de ce Temps » une excellente traduction, due à M. Pierre Teilhac, avec 12 photographies hors texte, du grand ouvrage du Commander Kenneth Edwards sur l’« Opération Neptune ».
On sait que c’est ainsi que fut désignée, dans le code interallié, la partie navale de la grande opération Overlord, qui avait pour but l’invasion du Nord de la France et la libération de l’Europe. Fondé sur une documentation solide et qui était restée jusqu’ici inaccessible, l’ouvrage britannique est à la fois une explication et un récit aussi détaillé que possible de cette immense manœuvre qui, selon les termes mêmes du roi d’Angleterre et de M. Churchill, constitua « la plus grande opération combinée que le monde ait jamais vue ».
Le livre est dédié à l’amiral Sir Bertram H. Ramsay, commandant des Forces navales expéditionnaires interalliées, qui avait été un grand inspirateur et animateur de cette gigantesque opération et qui mourut, on le sait, prématurément.
Il est impossible de résumer ici un ouvrage aussi dense et aussi riche de faits et d’expériences. Il se divise en trois parties à peu près égales : la préparation, l’exécution et la consolidation. Il est remarqué que c’est au moment le plus sombre de l’histoire d’Angleterre, quand la France venait de succomber et que la Grande-Bretagne se demandait si elle n’allait pas être elle-même envahie, que fut envisagée, pour la première fois, l’idée de débarquer en Europe. Sous l’inspiration directe de Winston Churchill, elle fut mise au point par trois hommes dotés d’autant de courage que d’imagination, le vice-amiral Sir Bertram Ramsay, le général Sir Bernard Montgomery et le vice-maréchal de l’air Sir Trafford Leigh-Mallory. Elle se heurtait, cependant, à une difficulté majeure : la nécessité d’un tonnage suffisant et pratiquement immense ; celui-ci ne pouvait être maintenu et ensuite développé dans les chantiers alliés que si la guerre sous-marine, menée impitoyablement par l’Allemagne, était jugulée. La victoire sur mer fut la condition préalable de tout débarquement sur le continent. La préparation supposa à la fois un travail matériel gigantesque, tel que la création d’embarcations spéciales, mais, aussi, l’entraînement d’un personnel, et l’étude des expériences réalisées pendant plusieurs mois par l’héroïsme des commandos que dirigeait l’« État-major des opérations combinées » et son chef, Lord Louis Mountbatten. Ils eurent pour effet d’inquiéter le Haut-Commandement allemand sur un front maritime de 3 000 kilomètres et, grâce à une opération majeure comme celle de Dieppe, fournirent au Commandement interallié de précieux renseignements sur la stratégie de l’adversaire.
Le technicien trouvera donc dans ce livre matière à de nombreuses réflexions et l’homme cultivé y verra par quel prodige d’organisation et au prix de quel héroïsme furent débarquées sur les plages normandes les cinq premières divisions qui constituèrent le noyau de la grande armée de libération de la France et de la conquête de l’Allemagne. C’est donc une œuvre essentielle pour la connaissance de la dernière guerre, et aussi pour l’approfondissement de cette science nouvelle que constituent la stratégie et la tactique des opérations amphibies.