Seule une approche dynamique permet d’aborder les complexités des sociétés du XXI^e siècle. Car elle permet d’associer dans un même regard le déroulement du temps, les évolutions successives des structures et des activités des sociétés humaines, leurs enchevêtrements à long terme, à moyen terme et dans l’immédiat, au rythme des crises, des ruptures et des accidents de l’histoire.

Faute de pouvoir me référer aux nombreux exemples vécus pendant et après quarante-deux ans de carrière active dans la Marine, la Défense et le Renseignement, puis dans l’étude des relations internationales et des conflits, j’ai choisi un petit nombre d’entre eux pour évoquer successivement la démarche prospective, les transitions d’après 1990 et la situation de la France dans le monde actuel.

Nous vivons un moment caractéristique d’accélération de l’histoire. Au G20 de Cannes, il s’agissait de la relance ou du déclin de l’Europe. Cette étape avait fait suite à la crise des prêts hypothécaires de 2008 aux États-Unis dont les conséquences financières, économiques et politiques n’ont cessé de s’aggraver depuis trois ans pour s’étendre désormais au monde entier. L’imbrication des acteurs et des institutions, des origines anciennes et des causes plus récentes comme les variations subites des valeurs boursières, illustrent l’enchaînement des causes et des effets dans un monde de plus en plus étroitement interconnecté.