Diplomatique - L'Union soviétique et les Balkans - L'échec de la Conférence de Londres - Le partage de la Palestine
L’abdication forcée du roi Michel (30 décembre 1947) nous apparaît comme l’aboutissement fatal de la manœuvre amorcée il y a deux ans et demi par M. Vychinski, lorsque le commissaire adjoint aux Affaires étrangères se rendit lui-même à Bucarest pour faire accepter au jeune souverain un gouvernement Groza. La négociation avait été difficile ; on s’étonnait, dans les chancelleries, de voir le diplomate soviétique prolonger au-delà de toute prévision son séjour en Roumanie. Mais M. Wychinski est aussi patient qu’il est habile : il ne quitta Bucarest qu’après avoir obtenu ce qu’il y était venu chercher, c’est-à-dire l’asservissement virtuel de l’État roumain à la politique de Moscou. Avec l’abdication du Roi et l’institution d’une « république populaire », cet asservissement est devenu réel, officiel et définitif.
Le roi Michel était aussi populaire en Roumanie que son père l’était peu. On s’était apitoyé sur son enfance malheureuse. Il avait six ans à peine lorsqu’en juillet 1927, son père, le prince héritier Carol ayant renoncé à ses droits, il monta une première fois sur le trône. Trois ans plus tard, Carol débarquait brusquement à Bucarest et reprenait la couronne à son fils ; il devait la garder jusqu’en 1940, époque où il abdiqua et où Michel recueillit pour la seconde fois le pouvoir souverain. Le peuple roumain salua avec joie ce second avènement, comme aussi le retour de la reine Hélène, que Carol avait contrainte à l’exil et que son fils fit aussitôt revenir.
C’est pendant les années de guerre et sous le gouvernement quasi dictatorial d’Antonesco que le parti communiste prit soudain en Roumanie un développement inattendu. En 1940, il comptait à peine quelques centaines de membres. Il était encore assez peu influent à la fin de 1943 pour que les chefs de l’opposition illégale, Maniu, Bratiano et Petresco crussent pouvoir sans inconvénient accepter dans leur coalition son leader Patrascanu. Tandis que les trois premiers prenaient contact au Caire avec les Anglo-Américains, on comptait sur le quatrième pour faciliter les négociations engagées à Stockholm avec l’Union soviétique. C’est sans doute aussi parce qu’ils sous-estimaient l’influence des communistes qu’au printemps de 1944 les socialistes n’hésitèrent pas à former avec eux, sur une base d’égalité, ce « Front unique du Travail », qui devait par la suite transformer complètement les organisations ouvrières en Roumanie.
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