Diplomatique - États-Unis d'Amérique et Union soviétique - Les évènements de Palestine - L'Afrique du Sud et le Commonwealth britannique - Le Congrès de La Haye
Dans la nuit du 10 au 11 mai 1948, une émission de Radio-Moscou faisait connaître qu’un important échange de notes avait eu lieu entre le département d’État [américain] et le gouvernement soviétique et rendait public le texte des deux documents. Le procédé était contraire aux usages diplomatiques, mais le désir était si vif, dans le monde entier, de voir enfin se détendre les relations russo-américaines qu’on excusa volontiers l’irrégularité de la forme pour ne retenir que l’espoir d’une entente prochaine entre les deux colosses dont le désaccord risquait à chaque instant de déchaîner un nouveau conflit mondial. Une mise au point de Washington devait bientôt couper court aux interprétations trop optimistes, en révélant le caractère et la portée véritable des notes échangées.
La note américaine avait été remise le 4 mai 1948 à M. Molotov par le général Redell Smith, ambassadeur des États-Unis à Moscou. Après avoir énuméré les points sur lesquels la politique des Soviets s’était opposée, non seulement à celle de Washington, mais aux efforts conjugués de toutes les puissances occidentales en vue de rétablir la paix dans le monde, après avoir exposé les raisons pour lesquelles l’Amérique avait apporté son aide à certains pays d’Europe et d’Asie, le département d’État déclarait qu’il n’avait point abandonné l’espoir d’un changement de politique. « En ce qui concerne les États-Unis – concluait-il – la porte reste toujours ouverte pour une discussion et un règlement de nos différends. »
La réponse de M. Molotov est datée du 9 mai 1948. Reprenant point par point l’argumentation de la note américaine, c’est un réquisitoire en bonne et due forme contre la politique du département d’État – intervention en Grèce, plan Marshall, appui moral donné au pacte de Bruxelles, etc. – et une apologie de la politique des Soviets. S’il faut en croire M. Molotov, les traités conclus par Moscou avec les États de l’Europe orientale sont des accords librement consentis et des instruments de paix ; aucune ingérence soviétique dans les affaires intérieures de ces pays ; seuls, les États-Unis sont responsables de la tension internationale. Néanmoins, le gouvernement de Moscou se montre favorable au désir de Washington d’améliorer les relations entre l’Amérique et la Russie et se déclare d’accord sur la proposition de « procéder à cet effet à des discussions en vue de régler les différends existant entre les deux pays ».
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