Dans ce texte de février 1956, l’auteur revient sur l’une des plus grandes controverses de la Seconde Guerre mondiale : l’attaque de Pearl Harbor aurait-elle pu être évitée ? A-t-elle été (sciemment) provoquée par les États-Unis (et l’administration Roosevelt) ? En conclusion, il transpose cette situation au contexte de la guerre froide et à la crainte de la guerre nucléaire : faut-il réellement prendre le risque d’attendre de recevoir le premier coup ?
Les causes de Pearl Harbour et leurs conséquences actuelles
Lorsque la Flotte américaine du Pacifique a été surprise par l’attaque-éclair japonaise du 7 décembre 1941 — exactement comme l’avait été l’escadre russe d’Extrême-Orient à Port-Arthur, le 9 février 1904, par les mêmes adversaires — le monde entier a été frappé de stupeur, et l’opinion publique américaine soulevée d’indignation.
Comme toujours, en pareil cas, cette dernière réclamait la recherche des responsables et leur jugement. Pour les esprits les moins avertis les causes d’un événement aussi considérable dans l’histoire d’une nation ne pouvaient être que multiples et d’ordre, non seulement militaire, mais politique. Ces deux secteurs d’activité sont, comme chacun sait, étroitement imbriqués, surtout dans une longue période de tension devant aboutir à une guerre totale.
Mais, la guerre étant déclanchée, et d’une manière aussi catastrophique par cet événement lui-même, il était non moins évident que l’on n’allait pas mettre publiquement en cause la Direction Suprême de la nation à un moment aussi critique, où il était tout aussi impossible de songer à changer d’équipe qu’à lui enlever la confiance du pays. Afin de donner cependant une satisfaction immédiate à l’opinion publique, on releva — naturellement — de leurs fonctions, les chefs qui avaient reçu ce coup malheureux et on ordonna une enquête militaire au niveau le plus bas.
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