Les spahis au feu
Dans le grand désarroi de 1940, certains Français n’ont jamais cessé de croire et de lutter, certains hommes n’ont jamais renoncé à être des hommes ; et si leur haute passion de la Patrie ne la sauvait point dans l’immédiat, du moins préservait-elle son patrimoine spirituel ; grâce à leur sacrifice, la fierté française ne comporte pas de solution de continuité.
C’est ce dont on se rendra compte en lisant les Souvenirs de guerre de la 1re Brigade de spahis, rédigés par son chef, le général Paul Jouffrault qui, passé depuis dans l’armée secrète et arrêté en 1943, est mort au camp d’extermination de Strüthof la veille du débarquement libérateur.
Au reste la personnalité de ce chef domine l’ouvrage parce qu’elle explique l’admirable comportement de son unité. Celle-ci participe au mouvement de nos années en Belgique le 10 mai, puis aux durs combats au sud de Sedan, enfin – et jusqu’à la nuit de l’armistice – aux ultimes engagements de la vallée du Rhône ; partout elle fait tête, conserve sa cohésion, rallie des éléments sains mais désorganisés, inspire à la population civile les actes les plus méritoires.