Franchet d’Esperey
Le livre que le général Paul Azan a consacré à la mémoire de Franchet d’Esperey est digne de ce grand chef. On voit qu’il est dû à un collaborateur direct du maréchal et que celui-ci a vécu longtemps dans son intimité. Sa figure s’y détache très nette, avec sa vigueur et sa brusquerie qui n’excluaient, d’ailleurs, ni la bonté ni, surtout, la justice. C’était en effet un psychologue averti que ce rude jouteur.
Le livre est, en même temps, une synthèse magnifique du rôle brillant tenu par Franchet d’Esperey dans la victoire de 1914-1918. La partie la moins intéressante, parce qu’elle est relativement peu connue, n’est pas celle qui est réservée à la percée du front bulgare. Nous y voyons comment, préparé dans les moindres détails, le coup de boutoir sur la Floca, suivi par la ruée des Serbes et par l’offensive générale, disloqua le front germano-bulgare. La cavalerie de Jouinot était déjà à Uskub, les routes de Budapest, de Vienne et de Berlin étaient ouvertes, le premier grand succès de la guerre remporté ; le coup de grâce définitif allait ne pas épargner les empires centraux quand cette entreprise militaire étonnante, due au coup d’œil et à l’audace de Franchet d’Esperey, fut brusquement arrêtée.
Notons aussi les pages consacrées à la doctrine coloniale de cet homme d’action : il était en même temps un homme de réflexion.
Ce fut un des chefs les plus complets qu’ait produits la période héroïque de la première guerre.