À propos des enseignements de la guerre d’Indochine
Vouloir mettre en doute la valeur d’une opinion récemment émise par l’un des penseurs militaires français les plus éminents de notre temps (1) à propos de certains aspects stratégiques de la guerre d’Indochine peut paraître présomptueux. Néanmoins les conclusions auxquelles a pu donner lieu l’étude de cette campagne semblent discutables ; elles reposent en tout cas sur des prémisses aussi fragiles qu’imprécises et la solution préconisée n’aurait vraisemblablement pas changé l’issue du conflit, peut-être même l’aurait-elle précipitée.
Certes, on peut soutenir qu’en Indochine, théâtre d’opérations secondaire, la France aurait dû mener une guerre limitée, qu’au lieu de disperser ses moyens en les consacrant à l’occupation d’un réseau de postes inefficace parce que trop lâche, justifié seulement par des motifs politiques subis de façon trop servile, le commandement aurait dû concentrer ses forces pour constituer un front imperméable, d’une longueur proportionnée aux moyens, couvrant autour d’Haïphong un réduit adossé à la mer ; ce réduit aurait été susceptible de susciter chez nos alliés la confiance et l’espérance, chez nos adversaires le découragement et le désir de négocier un accord honorable.
Préconiser une telle attitude c’est vouloir ignorer l’aspect politique et économique des missions qui pouvaient incomber au Corps Expéditionnaire ; c’est ne pas tenir suffisamment compte des possibilités de l’adversaire et des caractéristiques du terrain, c’est aussi estimer de façon erronée la valeur des moyens du Corps Expéditionnaire.
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