Trois années à Moscou
Le livre de Walter Bedell Smith est d’un intérêt puissant. Ce n’est qu’à la fin de sa carrière qu’il entra dans la diplomatie. De 1917 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il ne cessa de servir dans l’armée dans des postes de plus en plus importants, dans des Services de renseignements, puis à l’État-major du War Department, comme chef d’État-major du théâtre d’opérations européennes, comme chef d’État-major du général Eisenhower, en Afrique du Nord, et comme directeur de la Section des opérations et Plans de l’État-major général.
L’énumération de ces titres montre quelle exceptionnelle importance le président des États-Unis attacha à sa mission d’ambassadeur à Moscou en remplacement de William Averell Harriman. Ce général fut un diplomate extrêmement avisé et aussi bien informé que le permit l’étroitesse du cercle où le confina la politique soviétique. Il est en même temps un observateur plein de finesse. Nous voyons revivre sous sa plume la vie quotidienne de Moscou et tous les aspects de la politique soviétique, celle du Kremlin comme du Politburo. L’auteur a participé à toutes les conférences et discussions qui se sont déroulées dans la capitale de l’URSS pendant ses fonctions. Il parvient, d’ailleurs, peu à peu à une vue d’ensemble sur la Russie d’aujourd’hui, où se combinent l’impérialisme grand-russien et l’idéologie communiste.
D’une parfaite pondération, Walter Bedell Smith ne croit pas la guerre inéluctable ou même probable, mais il conseille à la démocratie de son pays de maintenir la puissance matérielle, morale et spirituelle qui lui sont indispensables pour assumer ses formidables responsabilités.