Militaire - L'offensive de printemps en Corée - Le « grand débat » devant la Commission sénatoriale à Washington - Réorganisation de la structure du Conseil de l'Atlantique Nord - Discussion des crédits militaires suisses - Organisation de la défense du territoire britannique - Incidents israélo-syriens
Le 22 avril 1951, onze jours après la révocation du général MacArthur, les forces sino-coréennes ont déclenché, dans les secteurs ouest et centre du front de Corée, l’offensive attendue. Cinq jours durant, une dizaine d’armées chinoises, appuyées d’artillerie, se sont efforcées de rompre le dispositif allié. À l’ouest, après un franchissement de vive force de la rivière Imjin, une attaque concentrique s’est développée en direction de Séoul. La menace dans le secteur centre s’est portée en direction de Chuncheon et de la rivière Pukhan. Devant les percées initiales réalisées par l’ennemi, les forces des Nations unies, sous le commandement du général James A. van Fleet, récemment nommé à la tête de la VIIIe Armée, ont mené victorieusement une défense élastique sur grands fronts. Par une habile combinaison de replis sur des positions préparées très à l’avance et de contre-attaques immédiates, et malgré le mauvais temps qui a gêné l’appui au sol, elles ont endigué l’ennemi en lui infligeant de lourdes pertes. Dès le 29 avril, les attaques nordistes pouvaient être considérées comme enrayées. Au cours de ces replis, le Gloucester Battalion [British Army], qui avait été encerclé, n’a pu se dégager qu’aux prix de lourds sacrifices. Après son échec, l’ennemi a rompu le contact, et les forces des Nations unies ont peu à peu reconquis le terrain qu’elles avaient cédé. Le 7 mai, elles réoccupaient la ville de Chuncheon. Au milieu du mois de mai, le front avait repris la physionomie qu’il avait le 15 mars. La résistance sino-coréenne s’affirmait dans le secteur centre et d’importants mouvements sur les arrières laissaient présager la reprise possible de l’offensive dans ce secteur.
Le « grand débat » devant la commission sénatoriale à Washington
Tandis que le calme était revenu sur le front de Corée, le grand débat sur la stratégie asiatique des États-Unis s’ouvrait le 3 mai à Washington devant les commissions sénatoriales des forces armées et des affaires étrangères. Les autres sénateurs, admis aux audiences, ne pouvaient poser aux témoins que des questions écrites. Au moment où nous rédigeons cette chronique, où nous écrivons, deux orateurs ont exposé leurs vues. Le premier, le général MacArthur a eu l’opportunité de développer longuement les thèses qu’il avait soutenues devant le Congrès. Le second, le général Marshall [NDLR 2021 : alors secrétaire à la Défense], tout en réfutant certaines d’entre elles, a précisé la position présente du gouvernement des États-Unis. Si l’on fait abstraction de l’aspect intérieur de cette polémique, on doit reconnaître que les divergences résident plus dans le dosage des moyens que dans les buts. Le général MacArthur, estimant une intervention directe soviétique improbable, est partisan d’une action plus efficace sur la Chine. Le général Marshall pense, pour sa part, que la situation des Chinois est « en train de prendre de très sérieux aspects », qui menacent le noyau instruit de leurs armées, et qui justifient la stratégie défensive jusqu’alors appliquée. Tous deux sont d’accord pour reconnaître à l’Europe une importance stratégique vitale. C’est là un point qui mérite d’être soulignée, car le général MacArthur n’avait pas donné cette impression lors de sa déposition devant le Congrès.
Réorganisation de la structure du Conseil de l’Atlantique Nord
Aussi bien, de récentes décisions prises dans le cadre du Pacte Atlantique n’en prennent-elles que plus de valeur. Un communiqué officiel du président du Conseil des suppléants a fait connaître que la structure des organismes supérieurs du Pacte avait été simplifiée et centralisée. Faisant suite à une proposition canadienne lors de la dernière réunion du Conseil de l’Atlantique en décembre 1950, cette réforme a pour effet premier de réunir, à une seule instance politique qui conserve le nom de « Conseil de l’Atlantique », le Comité de défense et le Comité économique et financier. Les membres du Pacte pourront se faire représenter à tour de rôle à ce conseil par leurs ministres des affaires étrangères ou par ceux des finances, ou même par les chefs de gouvernement. En second lieu, les Suppléants, qui avaient été désignés le 18 mai 1950 sans recevoir de charte précise, reçoivent des attributions définies, qui leur permettront de superviser les travaux de tous les organes permanents du Pacte. Enfin, les organismes permanents chargés des questions économiques et financières sont groupés en un « Bureau économique et financier » siégeant à Paris, relevant des Suppléants comme le Bureau de production et de défense qui avait remplacé en janvier 1951 l’ancien Comité d’armement. Dans l’ensemble, cette réforme aboutit à un système plus harmonieux dans lequel, cependant, on n’a pas voulu donner un rôle d’exécutif au Bureau de production ni au Bureau économique et financier, la décision n’appartenant, en fin de compte, qu’à l’échelon supérieur.
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