La faillite de la paix (1918-1939). T. I : De Rethondes à Stresa et T. II : De l’affaire éthiopienne à la guerre
Cet ouvrage de Maurice Baumont qui fut publié en 1945 reparaît en troisième édition. Nous ne sommes pas surpris de l’accueil qui lui a été fait. C’est le tableau d’ensemble le plus complet des événements de 1918 à 1939. Très fortement documenté, il présente d’une façon claire et vivante vingt années d’une histoire singulièrement compliquée et troublante. Cette histoire est la préface du drame que nous avons vécu entre 1939 et 1945 ; elle annonce les problèmes qui sont à résoudre aujourd’hui. Aussi ne faut-il pas s’étonner que M. Baumont, utilisant les renseignements qui ont afflué depuis 1945, ait eu à cœur de refondre et d’augmenter son ouvrage. Il paraît aujourd’hui en deux volumes intitulés : De Rethondes à Stresa (1918-1935) et de l’Affaire éthiopienne à la guerre (1936-1939).
À vrai dire la refonte n’est pas profonde, car l’étude présentée en 1945 était très objective, et, tout en projetant sur la période de 1918 à 1939 la lueur des événements qui ont suivi, M. Baumont reste historien impartial et prudent. Mais il précise quelques aperçus, corrige certaines formules, complète la bibliographie. J’ai éprouvé à relire cet ouvrage dans une nouvelle édition un intérêt toujours grandissant, surtout après avoir pris connaissance du Recueil des Archives de la Wilhelmstrasse, à la publication duquel M. Baumont a collaboré et qui vient de paraître en traduction française. Plus d’une retouche dans la forme prouve le soin que M. Baumont attache à la netteté de la pensée ; les ouvrages récents sont signalés, les témoignages contradictoires sont confrontés, le mouvement des esprits est suivi de près en même temps que la situation économique. À mesure que l’on approche de 1939 l’attention est particulièrement attirée vers l’URSS et Staline, mais surtout sur l’attitude de Hitler en face de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie. L’information devient dans les derniers chapitres plus abondante. On y trouve des notes affirmatives qui se dégagent des Archives de la Wilhelmstrasse, celle-ci par exemple : « Le 5 novembre 1937 Hitler informe Gœring, Neurath, Blomberg et l’amiral Raeder que le réarmement allemand étant réalisé, il a décidé d’assurer à l’Allemagne plus d’espace en Europe… Il est résolu à attaquer l’Autriche et la Tchécoslovaquie, peut-être dès 1938, au plus tard en 1945 ». C’est ce que démontrent les deux derniers chapitres intitulés « La fin de l’Autriche et le démembrement de la Tchécoslovaquie » ; « Les derniers mois de paix ». La politique de Hitler après Munich est exposée plus largement que dans la première édition. Il y a là des pages du plus haut intérêt non seulement sur la réaction des gouvernements anglais et français en face de cette politique, mais sur le rôle plus ou moins obscur de la Russie, de l’Italie, de la Pologne et de la Hongrie.