Le grand Carnot n’a vraiment été étudié que comme organisateur de la Victoire, et l’on comprend que cette période de sa vie ait particulièrement attiré les historiens. Mais il avait presque quarante ans quand les gouvernements révolutionnaires se sont servis de lui. Qu’était-il avant 1789 ? Quelle forme d’esprit était la sienne ? Quels sentiments éprouvait-il ? C’est à ces questions que répond le présent ouvrage. Pour faire connaître le grand Carnot en formation, l’auteur a su profiter des ressources que pouvaient lui fournir la famille de Lazare Carnot et les archives ; il y a largement puisé, mais en historien qui choisit, élabore et compose. Ce qu’il nous donne est non seulement une étude sur une personnalité de premier plan, mais un tableau historique dont elle est le centre, à une époque où tant de changements se préparent, même sous le couvert des traditions.

D’où le très grand intérêt de cet ouvrage, à la fois érudit et vivant. Carnot n’était pas révolutionnaire. Il l’est devenu sous la poussée des circonstances, mais après mûre réflexion. Finalement, il se passionna pour l’œuvre que la révolution lui confia. « Médiocre législateur, sans formation juridique, sans talent oratoire, il fut, au contraire, excellent organisateur, précis, prompt, inlassable et autoritaire. » Bien qu’il ait composé des vers dans sa jeunesse, il était avant tout homme de science et technicien. « Il organisa arithmétiquement, scientifiquement, rationnellement, énergiquement, audacieusement. » Taine dirait qu’il fut cartésien, comme la plupart des révolutionnaires de 1789. La lecture de ce premier volume des études qui seront consacrées par Marcel Reinhard à Lazare Carnot fait vivement désirer d’en voir bientôt paraître la suite. ♦