Dans cette évocation d’un homme ballotté par l’histoire militaire de la France, l’auteur du dernier Prix Goncourt revendique la mise en roman des récits qui marquent la fin de l’époque coloniale. Il évoque la tâche et le plaisir du romancier qui agit comme couturier du temps et passeur de l’histoire.
Préambule - Défense et illustration de l’Art français de la guerre
Defence and illustration of the French way of war
In this description of a man deeply touched by France’s military history, the Prix Goncourt winning author argues for the recording in novel form of stories of the end of the colonial era. He explains the task, and also the pleasure, of the writer who is inspired by the past and the transmission of history.
J’ai fait un roman. On le sait bien, c’est écrit dessus mais je crois qu’il convient d’insister. Les prétentions au vrai d’un roman sont assez différentes de celles d’un ouvrage historique ; pas moindres mais autres. L’un des sujets de ce livre est si sensible que l’on veut croire que j’ai fait l’histoire militaire de la France et on se précipite pour me demander mon avis sur la réalité de cette histoire. Mais je n’en sais pas grand-chose, de la réalité historique, bien moins qu’un historien. J’ai fait un roman ; j’ai utilisé pleinement les outils, les règles et les pompes du roman.
On me dit que j’ai exagéré certaines choses. Bien sûr. Que serait un roman si on n’exagérait pas ? Le réel ne se voit pas de lui-même : pour voir, il faut ce qu’il faut.
On me dit que je n’ai pas tout dit. Bien sûr : j’ai raconté l’histoire d’un seul homme et déjà, on trouve le volume épais. S’il avait fallu dire tout, cela n’aurait pas été un roman mais un pensum.
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